thédrale. « L ’idole » du baron Klodt fut bénie par de simples aumôniers de la
flotte, et le métropolite fut autorisé à ouvrir sa souscription.
En 1859, sur le boulevard Bi.bi-
koff, dans un site merveilleux qu’on
aperçoit de loin du côté méridional
de la ville, on commença la construction1
de la cathédrale, large de trente
mètres, longue de cinquante-cinq
mètres et haute de soixante. Lorsque
les ouvriers atteignirent le faîte de
l’édifice et se mirent en devoir
d’élever la principale coupole,■'les
murs se tassèrent légèrement et les
travaux furent suspendus. Pendant
dix ans, de 1866 à 1876, la cathédrale
resta inachevée et sous surveillafice \
les fissures n’ayant pas augmenté,{’;|n
les consolida par de résistants contre-
K ie f f . — Monument de Nicolas lBr. forts et les travaux -furent repris.
En :i 876 on commença à s’occuper
de la décoration de l’intérieur, qui fut confiée au professeur de l’Académie des
beaux-arts de Saint-Pétersbourg, M. Prakhoff.
En août 1896 la cathédrale fut inaugurée; très misérable à [’extérieur, ayant
l’air de s’enfoncer dans la terre
à cause des -énormes contre-
forts qui l ’enserrent, d’un style
byzantin froid et maigre,..[’édifice
au dedans est vaste, lumineux
et élégant. L ’église est dé--
corée, non de fresques, mais de
peintures à l’huile qui sont dues
aux pinceaux de MM. Wass-
netzoif, Nesteroff, Svedomski et
Kotarbinski, qui -. ont consacré
dix années à ce travail. I 1S.IEFF. — L Jignse catholique romaine.
« Wassnetzoff, dit M. Died-
loff, n est pas un théologien, mais un artiste^ Il ne se préoccupe pas du dogme,
mais du sentiment religieux ; il est ;fils.;de. prêtre, il a grandi dans l’église et autour
de 1 église, au milieu des icônes, des messes et des oraisons. G’est un séminariste
il a vécu parmi les Russes du Nord, pour qui la religion résume tout: philosophie,
morale, science et art. Lors même qu’il ne serait pas en son for intérieur doctri-
nalement religieux, il a le don de pénétrer dans l’âme du chrétien orthodçtxe et
de s’imprégner de ses sentiments-, car il est un grand poète, un artiste de premier
ordre.
Wassnetzoff a décoré la nef principale de dalles à la coupole, travail colossal.
Dès le premier coup d’oeil on sent que le peintre a compris l ’esprit religieux
russe; c e s t une manifestation toute nouvelle dans l’art moscovite, les orneiiients
K ie f f . — Le Palais impérial.
qui serpentent autour des arcatures et des chapiteaux, par leur couleur lumineuse
et leur allure imprévue, ne rappellent ni la Grèce ni la Renaissance, mais la
Russie naïve avec les arabesques de ses églises et de ses maisons, les couleurs fantaisistes
de ses contrevents, des étoffes et des objets familiers qui font partie de la
vie quotidienne. Dans cette galerie de tableaux, rien de sombre, rien de lourd, tout
rayonne comme une claire journée de printemps; pas de corps émaciés, pas d’images
de martyrs, de scènes sanglantes, d’instruments de torture, de côtes percées,
aucun de ces sujets lugubres dans lesquels se complaisent les églises romaines.
Pour le Russe, la cathédrale est un sanctuaire de joie et de paix, tout y doit être
lumineux et serein, même la souffrance, qui ne peut être que temporaire, ou alors,