par trois peuples, les Bulgares, les Khosars et les Bourtasses. Il n-y a pas de
preuve évidente que les Tchouvaches descendent d’un de ces peuples, cependant
bon nombre d’orientalistes pensent qu’ils proviennent des anciens Bourtasses;.
D’après les chroniqueurs arabes et persans, le s Bourtasses ont habité la rive droite
de la Volga entre les Khosars et les Bulgares dans cette étendue de pays qui forme
aujourd’hui les gouvernements de Simbirsk et de Saratoff; c’était une peuplade à
demi nomade, célèbre pour ses brigandages et sa barbarie.
Ils avaient une coutume bizarre qui se retrouve à Khorassan et dans d’autrès
localités de l’Asie centrale: à l’avènement de leurs tsars, nommés par élection, ils
lui serraient la gorge au moyen d’une ceinture et lui demandaient combien
d’années il voulait régner. Une fois ce terme dépassé, ils l ’étranglaient impitoyablement.
Les Tchouvaches eux-mêmes n’ont aucune idée de leur origine; non seulement
ils sont pauvres en légendes, mais leurs traditions sont d’une platitude invraisemblable;
les plus instruits parmi eux ont une vague notion. du déluge et de la
confusion des langues, dont ils comptent soixante-dix-sept, disant que la leur
et celles des Russes, des Tatars et des Kalmouks méritent seules d’être-mentionnées.
Us sont de petite taille, maigres, apathiques, pâles de. visage, et bâtis de telle
sorte qu’il est difficile de distinguer les hommes des femmes; celles-ci sont, en
général, très laides. Les Tchouvaches s’habillent comme les paysans russes, leurs
vêtements ne diffèrent que par les broderies des blouses. L e s jeunes filles ont sur
la poitrine une broderie en forme de croix surmontée d’une couronne, les femmes
en ont deux. Les pieds ramassés étant en grand honneur parmi les Tchouvaches,
les femmes les tiennent serrés dans d’épaisses bandes noires..
Beaucoup de Tchouvaches ont été convertis à la foi orthodoxe ; les autres
se font passer pour mahométans; mais, en réalité, ils sont païens. Ceux qui sont
convertis retournent, même avec une grande satisfaction, quand ils le peuvent, à
leurs anciens dieux. Un jour, la femme d’un pope marchanda un poisson, mais le
marchand tchouvache en voulut trop cher. La ménagère, en colère, lui cria :
— Eh! tête de Tchouvache, tu n’as donc pas la crainte de Dieu, pour me
demander un pareil prix?
— Eh! petite mère, pourquoi craindrais-je Dieu? Dieu n’est pas un
tchinovnik ?
En effet, le Tchouvache ne craint que les autorités; il n’est pas méchant, mais
il est impossible de se fier à sa parole. Il ment toujours sans en ressentir le
moindre remords. Lorsqu’il est ivre, il devient très rancunier; il avait autrefois-
l’habitude, en ces occasions, d’aller se pendre dans la. maison de son ennemi,
pour lui procurer des désagréments avec la justice. C’est peut-être là qu’il faut
chercher l’origine du dicton : Va te faire pendre ailleurs! -