
lord Murray, qui est aussi propriétaire de
l’île d’Inch-Colm, située à peu près vis-à-
vis de ce village. On distingue sur cette petite
île les ruines d’un monastère consacré à
St. Columban. Au levant du havre d’Aber-
dour , les rochers | deviennent escarpés et
forment des falaises perpendiculaires de cent
à cent cinquante pieds de haut au-dessus
de la mer , dont les flots roulant majestueusement
, viennent se briser avec fracas à
leurs pieds.
Pendant que nous parcourrons le sommet
de ces rocs , un terrible ouragan s’élève, le
vent soufflant avec une violence incroyable,
pousse contre nous des tourbillons mêlés de
neige et de pluie. La mer s’enfle, le mugissement
des vagues redouble, les oiseaux de mer
volent autour de nous en poussant des cris
plaintifs ; dans le lointain , nous voyons tous
les petits bateaux occupés à la pêche des harengs
, effrayés de la tempête, se rapprocher
du rivage. Cet orage fut de courte durée
, et les nuages se dissipèrent en un instant.
Parvenus au point le plus élevé des rochers,
nous nous trouvâmes sur une esplanade
de gazon. Aucune description ne peut
rendre la beauté et l’étendue de la vue dont
nous jouissions. Nos regards se portoient alternativement
sur la mer couverte de bateaux ;
sur la côte que nous parcourions, découpée
par des baies , par de hauts rochers, bordée
d ’îles d’un aspect varié, et sur le rivage opposé
où nous distinguions encore Edimbourg, son
château, et les collines pittoresques qui l’en-
vironUent. Vers l’orient, les rivages s’écartent
en s’éloignant, le golfe s’élargit, et
la vaste étendue de FOcéan se termine à
l’horizon. Nous quittâmes à regret un si beau
point de vue, pour redescendre sur les sables
du rivage. Bientôt nous entrâmes dans un
bois qui fait partie du parc de lord Morton;
et après avoir suivi quelque temps des sentiers
bordés de côté et d’autre d’arbrisseaux
touffus et de broussailles , nous arrivâmes à
un port destiné à recevoir deux ou trois petits
vaisseaux à un mât. Une maison isolée
bâtie au bord de la mer, sert d’habitation à
Un homme qui salle et renferme dans des
barils les harengs que les bateaux des villages
voisins lui apportent. Cinquante barils étoient
remplis et prêts à être fermés; nous remar