
regardoient Jacques III comme leur seul et
légitime souverain , et ne voyoient dans
GeorgeII,qu'un usurpateur étranger qui,quel
que fût son titre à la couronne d’Angleterre,
n’en avoit aucun à celle d’Ecosse.’Leur enthousiasme
s’augmentoit encore, lorsqu’ils
voyoient au milieu d’eux le jeune Stuart, vêtu
de leur costume national que rendoit plus
imposant sa figure noble , sa taille élevée ,
ses manières pleines de dignité et d’élégance,
fruit de son éducation dans la cour la plus
brillante et la plus aimable de l ’Europe*
Il y avoit là plus qu’il n’en falloit pour commander
le respect et la vénération d’un
peuple guerrier et sauvage, lors même que
la bienveillance de ce Prince, et les paroles,
pleines de bonté et d’intérêt qu’il adressoit
aux chefs et aux soldats, n’auroient pas captivé
leur coeur.
L’armée écossaise, forte de trois milles
quatre cents hommes, présentait le plus singulier
spectacle; elle se composoit des divers
clans formés en corps ou bataillons
distincts, dont la force varioit comme celle
des différentes tribus. Chaque clan avoit à sa
tête un chef entouré de ses principaux pa~
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rens et de ses vassaux, chacun se distinguoit
des autres par la couleur des manteaux et
des tuniques dont tous ces montagnards
étaient revêtus; par leurs bannières, sur lesquelles
étaient représentées les armoiries du
chef, et parles marches diverses que jouoient
leurs cornemuses. Un tiers au plus des guerriers
de chaque tribu était régulièrement
armé et équipé, ceux-ci formoient les premiers
rangs des colonnes ; le reste, non
moins animé du désir de combattre, mais
n’ayant pour toutes armes que des faulx ou
des massues , occupoit les derrières des
phalanges. Ainsi composée, cette armée se
déploÿoit en bataille sur les hauteurs qui
dominent la mer, et sur le plateau inculte qui
environne le petit village de Gladsmuir. La
ligne anglaise, formée par quatre mille
hommes de troupes de ligne4, s’étendoit sur
le rivage du golfe auprès de Prestonpans,
le dos tourné à la mer, et faisant face aux
hauteurs occupées par les Ecossais. Ceux-ci
commencent vivement l’attaque ; une charge
de dragons anglais est repoussée par un feu
très-vif. Le brave colonel Gardiner I qui
commandoit les dragons , blessé mortelle