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Seur tout honteux d’avoir été la dupe d’un
oiseau.
A quelque distance de ces sables , vers
l’est , s’élèvent fort près du rivage quatre
petites îles ou rochers incultes et inhabités ;
ce sont Idria, Faidra, Lamb et Craig-Leith :
nous prîmes un bateau pour aller voir Fai-
dra le plus remarquable de ces islots. Le
rocher est entièrement composé de colonnes
basaltiques de la plus parfaite régularité ;
quelques-uns de ces prismes s’élèvent verticalement,
d’autres sont plus ou moins inclinés,
mais la plupart sont horizontaux ; on
en voit même quelques-uns de courbés ; le
nombre des faces des prismes varie depuis
trois jusqu’à huit; les plus communs sont
les prismes à six pans. J’observerai ici que
ces rochers basaltiques se trouvent précisément
vis-à-vis de ceux de Kincaid dont
j ’ai parlé ci-dessus , et qu’ils en sont séparés
par toute la largeur du golfe de Forth, qui
est ici de près de trois lieues. Un voyageur
qui ne voudroit pas visiter les Hébrides peut
donc , sans s’éloigner de plus de sept lieues
d’Edimbourg, voir des assemblages de prismes
de basalte qui, moins étendus et moins
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frappans il est vrai , que ceux de S tafia,
peuvent cependant lui donner une idée très-
juste de ce curieux phénomène géologique..
La nature présenloit autour de nous un
aspect tout-à-fait boréal ; nous étions entourés
d’animaux habitans des mers glaciales.
Plusieurs troupes d’Eiders nageoient
autour de ces basaltes noirs dont la teinte
obscure faisoit ressortir le beau plumage
blanc des mâles; ils étoient, comme de
coutume, suivis chacun de cinq ou six
femelles, que leur livrée modeste d’un brun
sombre fait aisément distinguer; plusieurs
conduisoient à leur suite une troupe de
leurs petits. Un grand nombre de V^eaux
Marins ( Phoca vilulina ) montroient leur
tête hors de l’eau ; à la forme, à la taille et
à la couleur de ces têtes, on auroit cru que
c ’étoient autant de petits chiens dogues.
Quelques-uns suivoient de près notre bateau
; ils sembloient prendre plaisir au bruit
des rames et au son de la voix humaine. Nos
bateliers nous disoient qu’en effet ces animaux,
loin de craindre les hommes, aiment
à les voir et à les entendre.
Après avoir débarqué près de DirJeton,