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champs cultivés. Une petite île , semblable
à une montagne couverte de pâturages , s’élève
à l’entrée de celte baie. Portant nos
l’egards vers le nord , nous voyions dans le
lointain les îles Bute et Combray sortir du
sein des flots.
Après être descendu par des rochers escarpés
sur les bords de la mer , nous suivîmes
les sinuosités de ses rivages , admirant la
variété des points de vue qu’ils offrent. Les
productions minérales nous fournissoient
aussi bien des objets d’observation : ic i,
des lits épais de pierre de poix d’un beau
vert et d’une apparence semblable au verre
ou à l’émail, réfléchissoient les rayons du
soleil, comme l ’auroit fait une masse de
métal poli. L à , des fentes jadis remplies de
basalte, maintenant évidées, telles que celles
que j ’avois vues près de Saltcoats et plus
remarquables encore , coupoient dans tous
les sens les rochers escarpés qui bordent
cette côte , présentant une variété de formes
dans lesquelles la nature semble avoir voulu
imiter la régularité des ouvrages des
hommes. Quelquefois, c’est un canal de
près d’un demi-mille de longueur, dont les
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bords coupés perpendiculairement dans les
rochers, s’étendent en droite ligne conservant
entr’eux un parallélisme parfait :
plus loin , les rocs coupés perpendiculairement
à la hauteur de soixante pieds, forment
d’énormes murailles qui laissent entre
elles un espace vide de douze pieds de largeur;
elles sont si parfaitement symétriques,
leurs faces sont si unies , qu’on les diroit
taillées au ciseau. Plus loin encore , on voit
une baignoire naturelle , une espèce de
chambre , formée de même au bord des
eaux, par la destruction du basalte. Les
ondes de la mer, alors calmes et tranquilles,
entroient dans ce réduit par-dessous un bloc
de rocher, qui sembloit avoir été placé exprès
à l’entrée pour protéger celte surface
limpide contre l’agitation de l ’Océan.
La côte étoit peuplée d’oiseaux de mer et
de rivage, de Hérons, de Mouettes et d’Hui-
triers ( Hematopus ostralegus ) ; ce dernier
oiseau que son plumage noir et blanc a fait
nommer aussi Pie de mer I doit son nom
d ’huitrier à l ’habitude qu’il a de piquer avec
son long bec les coquillages qui s’attachent
aux rochers.