
Si telle est la métropole, quelles doivent
être et les villes plus éloignées et les
villages ! Ce fut là notre première et triste
idée. Cependant cette impression désagréable
s’effaça lorsqu’on nous eut conduit
dans une maison d’assez bonne apparence
que nous n ’avions point encore aperçue.
C’étoit une petite auberge où nous vîmes
bientôt que nous ne serions point si mal
que nous ne l ’avions cru d’abord.
Impatiens de prendre une idée du pays
environnant, nous profitâmes d’un reste de
jour pour nous acheminer à travers une
plaine couverte de genet épineux ( Ulex
europeus') vers un petit bosquet de sapins
nommé bois de Brodick, auprès
duquel nous dévions trouver plusieurs
minéraux intéressants. Une grande pierre,
plantée verticalement dans la terre à la li-
zière du bois, attira notre attention. C’étoit
un de ces blocs élevés par les anciens
habitans de ces montagnes, sur les tombeaux
de leurs chefs et de leurs guerriers
les plus illustres. Ce monument grossier,
placé dans un lieu aussi sauvage , ne laisse
pas que d’inspirer un vif intérêt. On voudroit
pouvoir percer l’obscurité profonde
qui couvre les temps reculés, et interroger
ces simples monumens d’une nation dont
l ’histoire nous est absolument inconnue.
C H A P I T R E II.
I le d ’yirran.
io Mai. Nous ne pûmes pas faire d’excursion
minéralogique; c’étoit dimanche, et sortir
unmarteau àlamain cejour-là,auroitparu
un sacrilège dans toute l ’Ecosse. M.rLamont
vint de bonne heure nous offrir de nous envoyer
des chevaux pour aller avec lui à l’église
a Lamlash , village éloigné de deux
lieues et demi de Brodick. Les nuages, qui
n étoient pas aussi bas sur les montagnes
que la veille, nous permirent de mieux voir
les environs de la baie de Brodick. Cette belle
étendue d’eau, ouverte vers le levant, est bornée
au midi par les hautes collines Dunfeune
et Dundou dont les sommités se joignent par
une pente douce, aux rochers élevés qui
bordent le rivage; au nord elle a pour limites