
vers les préjugés injustes dont les Anglais
sont imbus relativement à leurs voisins.
Beaucoup de voyageurs visitent l ’Angleterre
, mais peu de personnes pensent à
pénétrer plus au nord, pour voir un peuple que
bien des Anglais représentent encore comme
à peine sorti de la barbarie. On croit con-
noître toute la Grande Bretagne, quand on a
vu Londres, les ports de mer et les comtés
les plus florissans de l’Angleterre, et l’on juge
le caractère des habitans de l’ile entière par
les observations qu’on a pu faire dans la capitale
et les provinces du midi. Souvent les
habitans du nord pourroieht avoir à se
plaindre de ces jugemens trop généralisés.
Plusieurs Ecossais voyagent sur le continent
, et il semble qu’ils devroient faire con-
noître leur pays avec avantage. Mais si l’on les
distingue de la foule des Anglais, par leur caractère
plus ouvert, leur simplicité, leur envie
de plaire, et par des manières qui sympathisent
mieux avec nos moeurs , l’on en fait une
exception individuelle, et l’on ne sait pas
q u ’il faut attribuer à toute une nation ce qui
nous captive dans quelques individus. Une
des qualités qui distinguent les Ecossais des
Anglais c ’est la sociabilité. Ce désir de se
réunir et de communiquer avec ses-semblables,
de partager leurs impressions et de leur
faire partager les nôtres, quufait un des plus
grands charmes de la v ie , est très foible
chez lés Anglais , et forme un des traits les
plus saillans du caractère Ecossais. On a
souvent reproché aux Anglais d’être froids
avec les étrangers ( i ) , de ne pas rechercher
(1) Je n’ai pas besoin d’ajouter que tout ce qui est
dit ic i , sur la société ang la ise, ne doit être pris que
dans un sens très - général. J’ai souvent m o i-m êm e ,
en A n g le te r re , été l’objet de traits d ’hospitalité , qui
ne peuvent être surpassés dans aucun pays. Mais
ces cas sont rares dît-on , et doivent être re g a r dés
comme des exceptions. O n dit encore que les
Anglais sont plus sociables et plus communicatifs
dans leurs terres et leurs c h â te a u x , que lo rsq u e ,
réunis à L on d re s , ils forment le Fashiona ble-wor ld
(S o c ié té du bon to n ) , et se liv ren t en entier au
tourbillon du monde. Ce qu’il y a de s û r , c ’est que
tous les hommes, soit à L o n d r e s , soit en prov ince ,
qui se vouent aux s c ien c e s , se font remarquer par
leu r hospitalité et leu r esprit communicatif. On ne
peut avoir été dans la société de MM. W o lla s to n ,
D a v y , Babington, G re en o u g h , e t c ., ainsi que dans
ce lle du vénérable patron des sciences et d e s sa v an s ,
1 illustre ch ev alie r B ank s , sans emporter un souvenir