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aussi ne contribuent-ils pas peu à adoucir
les traits âpres et sauvages de la montagne
de Goatiield ; mais on a bientôt passé ce
parc, et l’on rentre dans les terreins incultes
et couverts de bruyère.
Plus haut, à-peu-près à 200 toises au-
dessus de la mer, on n e voit plus de bruyères,
et l ’on arrive sur un plateau en partie recouvert
par d’immenses blocs de rochers; c’est
au-dessus de ce plateau que s’élève la pyramide
de granit nue et aride qui forme la sommité
la plus élevée d’Arran; sa hauteur est,
suivant M r Jameson, de 294Ô pieds anglais,
soit 43o toises françaises, au-dessus du golfe
de Clyde. Son nom gaëlic est Gaodhbhein,
prononcé Geûveïn, qui signifie montagne
du vent; les Ecossais de la plaine en ont fait
Goatfield, le champ des chèvres. On parvient
au sommet par un chemin escarpé et
difficile, sur les masses de débris entassés
qui recouvrent les flancs de cette pyramide.
Ce ne fut qu’après une heure et demie d’une
montée pénible depuis notre départ de Bro-
dick, que nous atteignîmes la sommité. Il
nous fallut attendre long-temps qu’un épais
nuage qui nous enveloppoit se dissipât; un
«
c ) vent violent et froid glacoit nos membres et
nous désespérions déjà de jouirde la beauté de
la vue, lorsque tout-à-coup le brouillard s’évanouit,
une étendue immense se déploie
alors à nos regards. Placés sur ce grand belvédère
, à-peu-près au milieu de l ’île , nous
en voyons le vaste ensemble sous nos pieds.
Partout des solitudes et des déserts, d’immenses
giens, des montagnes et des plaines
entières incultes, partout une nature sombre
et s a u v a g e . Si l’on découvre au midi les
belles baies de Brodiek et de Lamlash, et
les coteaux peu élevés qui les environnent,
de hautes montagnes taillées en pics hardis
et pittoresques couvrent la surface septentrionale
d’Arran. D’un côté, la longue et
étroite vallée de Glen-rosa, entourée de toutes
parts de murailles de granit perpendiculaires,
s’étend au loin au-dessous de la sommité
que nous occupons ; de l’autre , le stérile
Glen-Sannock paroît comme un gouffre affreux
ouvert sous nos pas. A peine dans cette
grande étendue de pays, pouvons-nous distinguer
deüx ou trois O pI laces où l’homme ait
tâché de s’établir et de cultiver une terre