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fet même d’éviter leur société; on pourroit,'
avec plus de raison peut-être , étendre ce
reproche à leurs rapports avec leurs propres
compatriotes. Les Anglais sont très froids
entr’eu x , mille obstacles les empêchent de
communiquer facilement et librement les uns
avec les autres. Les différences de rang bien
plus marquées qu’on ne pourroitle croiredans
un pays si républicain, les différences de fortune
qui le sont encore davantage , et surtout
un certain orgueil qui fait que personne
ne veut se mettre en avant, de peur d’être
décu dans son attente , toutes ces causes
réunies s’opposent à ce qu’il y ait une société
à Londres; car je n’appelle pas société ces immenses
réunions que la mode, toute puissante
en Angleterre, a établie et que la vanité
soutient. Ces Routs ou assemblage informe
de gens de toute espèce, qui ne sont attirés
les uns auprès des autres par aucun intérêt
commun, et qui n’ont d’autre relation
ineffaçable de leurs talens distingués et de leur aimable
prévenance pour les étrangers qui viennent
auprèsd’eux puiser à ce tte source intarissable de connaissances.
ensemble que celle d’être à la mode titre
indépendant du mérite , de l ’esprit et de la
Valeur intrinsèque de celui qui en est revêtu.
Les personnes vraiment distinguées en
Angleterre , et il y en a beaucoup , ne
partagent pas les préjugés de la masse de
leurs concitoyens , ils recherchent les gens
éclairés et sentent tout le prix d’une conversation
intéressante. Mais en général les
Anglais se plaisent à s’entasser dans des
assemblées si nombreuses , si mélangées
et si dénuées de tout ce qui peut intéresser
l’esprit, qu’elles semblent uniquement
destinées à faire briller la fortune de celui
qui les donne, et son désir de figurer dans les
papiers publics.
Il n’en est pas de même en Ecosse, la
société y est remarquable par son agrément;
les Ecossais aiment la conversation et y cherchent
en même temps l ’instruction et le
plaisir ; la société est facile , paroe que les
distinctions de rang, quoiqu’aussi respectées
, se font pourtant moins sentir qu’en
Angleterre. Il existe en Ecosse une foule de
familles q u i, 6ans être titrées , ont une o r igine
aussi ancienne et aussi noble que cell©