
petit bras de mer qui nous sépare du comté
de Fife. Le vieux patron en perruque à boucles
, donne l’ordre de hisser la voile, le vent
l ’enfle et nous entraîne avec vitesse; en moins
d’un quart d’heure, nous atteignons la côte
septentrionale du golfe , après avoir côtoyé
de fort près la petite île d’Inch-Garvey, et
nous mettons pied à terre au bourg de
North-Queens-Ferry. Ce bourg et celui que
nous venons de quitter, quoique séparés par
un détroit et situés dans des comtés diffé-
rens , portent le même nom, et ne sont r
comme on le voit, distingués que par les épi—
thètes de septentrional et de méridional. Ce
nom, qui signifie passage de la Keine, vient,
dit- on , de la reine Marguerite, épouse de
Malcolm-Canmore, qui protégeoit les deux
bourgs, et traversoit souvent le golfe dans.
cette partie du détroit.
La grande route du Nord de l ’Ecosse passe
aux deux Queens-Ferry , et les voyageurs
sont obligés d’embarquer leurs voitures. On
a parlé de creuser une route sous marine,
qui, sur un espace de près d’une lieue,
seroit constamment éclairée par des lampes.
On prétend que Ce singulier projet ne
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présenteroit pas beaucoup de difficultés, et
que l’expérience en a déjà en partie démontré
la possibilité. En effet, plusieurs galeries
des nombreuses houillères qu’on exploite
sur ces côtes , ont été poussées fort
avant au-dessous des eaux de la mer ; on
assure même qu’il en existe une qui atteint
le milieu de la largeur du détroit. Si cet ouvrage
est entrepris une fois , il est à craindre
que des accidens extraordinaires ne s’opposent
à sa réussite , la moindre fente qui se
formeroit au rocher suffiroit pour inonder
entièrement les galeries souterraines; et supposé
même que toutes les chances fussent
favorables, les sommes immenses que coû-
teroit l’établissement, l’entretien et l’éclai-
rement continuel de cette route d’un nouveau
genre, ne seroient-elles pas disproportionnées
à l ’avantage qui pourroit en résulter ?
Le passage de Queens-Ferry est praticable
toute l’année, dans toutes les saisons, à
toutes les heures du jour et de la nuit, sauf
quelques exceptions fort rares dans ces courts
momens de tourmente où aucun bâtiment
ne peut tenir la mer. Les voyageurs y trouvent
toujours des bateaux prêts. C’est donc plutôt