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Parmi les lieux publics, consacrés à Pamu“
sentent, on remarque la salle d’assemblée
dont je Viens de parler et une salle non moins
élégante destinée aux concerts. Malgré la
modicité du prix d’entrée de ces deux redoutes,
on est toujours sâr de n’y rencontrer
que là meilleure compagnie. Aussi ces réunions
se font - elles remarquer également
par le bon Ion et par la gaieté qui y régnent.
Les Ecossaises, sans posséder peut-être à un
aussi haut degré cette beauté régulière qui
frappe les étrangers chez les Anglaises, ont
plus de grâces , pLus de vivacité dans la
physionomie. Et quoique tout aussi modestes*
elles sont également éloignées et de cette
froide réserve que l’ou reprochoit autrefois
aux Anglaises, et de cette passion de faire
effet qu’observent , à leur très-grande surprise,
les habitans du continent chez les
femmes à la mode en Angleterre. Il est difficile
de trouver des femmes plus aimables
et plus dénuées de toute espèce d’affectation
que ne le sont les Ecossaises. Aussi ce naturel,
cette grâce , cet enjouement qu’elles portent
jusque dans leur manière de danser , rendent
les bals à Edimbourg extrêmement anime's.
Une circonstance qui les distingue des
réunions du même genre , qui dans le reste
de l ’Europe se ressemblent toutes, c’est le
contraste frappant de l ’élégance des manières
et. du brillant des toilettes avec la musique
sauvage des danses Ecossaises , qui
est la même que celle des montagnards
du nord et des habitans des Hébrides. Les
cris que poussent les musiciens pour animer
les danseurs , qui souvent leur répondent
aussi par des cris, la vivacité de ces danses,
où toute la salle à la fois est en mouvement ,
offrent aux étrangers un spectacle extraordinaire.
Cette musique est tellement nationale,
qu’un Ecossais ne peut l ’entendre de sang
froid. J’ai été souvent témoin au théâtre d’Edimbourg
de l ’effet que produit sur l’assemblée
entière un de ces airs nommés Stràths-
peys, lorsque la mesure en est bien marquée
par les instrumens. Aussitôt que l ’orchestre
a entonné cette mélodie bizarre, tous les
spectateurs, au parterre comme aux loges,
sont en mouvement; il semble qu’ils vont se
lever pour danser ; ils ne peuvent plus tenir
sur leurs sièges.