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sur lesquels ces deux auteurs ne s’accor-
doient pas entr’eux. Les observations même
des faits étaient contestées réciproquement
par les partisans de l ’un ou l’autre des observateurs.
Je désirais éclaircir mes doutes h
cet égard, et je résolus de me rendre sur
les lieux mêmes, et d’y étudier la nature
avec autant d’impartialité qu’il m’étoit possible,
n’ayant en vue que la recherche de la
vérité, et bien décidé à n’adopter aucun
de ces systèmes particuliers que je n’eusse
auparavant vérifié toutes les observations
sur lesquelles ils s’appuyent. On m’avoit
dit d’ailleurs, que la nature dans l’ile
d’A rran, présente des beautés grandes et
sauvages* Peu fréquentée par les étrangers
, cetté île est une des parties les moins
connues de toute l ’Ecosse.
C’étoient des motifs suffîsans pour piquer
ma curiosité, et j ’allais partir seul. Un jeune
étudiant de l’Université , M.1 S**, que n’efi*
frayoit point l’idée dé passer plusieurs jours
dans une île' éloignée , inculte, sauvage et
dépourvue de toutes les commodités de la
v ie , m’offrit obligeamment de m’accompagner
, et de partager avec moi les plaisirs,
les ennuis et peut-être les dangers de
cette expédition. Comme il désiroit de visiter
Glascow et le lac Lomond, nous convînmes
de faire un détour pour voir ces
lieux remarquables , quoique la saison encore
bien retardée ne nous permît pas de
jouir dans toute sa beauté , de la vue de ce
lac , un des plus célèbres de l’Ecosse.
Nous partîmes d’Edimbourg, le 3 M a i,
par un fort mauvais temps ; une pluie abondante
paroissoit établie pour toute la journée.
Ce que nous voyions du pays que traverse
la grande route, nous laissoit peu de
regret de ce que les brouillards nous ca-
choient. De niéchans petits- villages , quelques
maisons de campagne, pour la plupart
peu remarquables , étoient les seuls objets
qui se présentaient à notre vu e , avec de
grands bois de sapins et de mélèzes, qui
formoient, sur la sommité des collines, de
longues lignes régulières et peu pittoresques.
Plus on s’éloigne d’Edimbourg , plus le
pays devient stérile et inculte , et bientôt on
se trouve au milieu d’une vaste et noire
bruyère , habitée par une quantité de Géli-r
notes d’Ecosse ( Tetrao scoticus )f nommées
ici grous Ou moorgame,