
’¿ ’herbe ; leur nid est composé de petites bu-
chilles grossièrement entassées sur le terrein.
Nous trouvâmes une grande quantité de ces
nids, dans lesquels je ne remarquai jamais
plus de trois oeufs ; ceux des Goélands sont
de la taille des oeufs d'oie | de couleur vert-
clair , et marqués de taches noires. En
s’approchant de ces nids, il faut faire attention
à l ’endroit où l’on pose les pieds ; car
on est exposé à chaque instant à en écraser
les oeufs, tant ils sont rapprochés les uns
des autres. Les pères et mères voloieut à
peu de distance de nous, poussant des cris
aigus et plaintifs qui nous assourdissoient.
On croyoit alors entendre les miaulemens
discordans d’une multitude de chats.
Le temps étoit si favorable et la mer si
calme que nous pûmes faire plusieurs fois en
bateau le tour du rocher, admirant comment
les habitans de cette ville d’oiseaux ont bien
su profiter de tous les plus petits recoins,
pour établir leurs domiciles, par étages, les
uns au-dessus des autres. Dans la partie la
plus étroite de l’islot, il existe une caverne
ou plutôt une large fissure qui le traverse de
part en part, et qui est praticable pendant
( *79 )
la basse marée. On voit encore sur le rocher
les ruines d’une forte muraille flanquée de
tours > seuls restes du château de Bass qui,
avant l’invention de l’artillerie, passoit pour
une citadelle d’une grande force. Aussi dans
la guerre qui eut heu au milieu du seizième
siècle , les Anglais firent-ils des efforts inutiles
pour s’en rendre maîtres; la réponse du
Commandant écossais > à la sommation du
Général anglais, porte un caractère d’originalité
qui caractérise la situation môme du
fort et ses ressources. Je ne puis résister à citer
les prqpres paroles du Président De Thou,
qui rapporte ce fait. On y verra que si
quelques détails ont été exagérés, la description
qu’il donne de ce heu remarquable, est
en général aussi fidèle que s’il avoit visité
lui-même cette curieuse forteresse.
« Les Anglois(i), « dit cet historieti, «con-
duisirent leur flotte dans le golfe deForth,
3) pour attaquer une île, qu’on appelle l ’île
33 des Magots, du nom de certains oiseaux
« qui ressemblent à des canards sauvages ,
» et qui sont dans celte île en si grande
(i) Histoire de De Thou, vol. i, p. 36o.