
bruyères. La nuit qui s’approchoit, l’épaisseur
des nuages qui obscurcissement les derniers
rayons du jour, ajouloient une nouvelle
horreur à ce tableau. Un lac noir,
placé entre des promontoires arides et desro*
chers escarpés, sans la moindre apparence
<le culture ni d’habitation , offroit vers le
nord, un point de vue pour le moins aussi
sauvage que celui de Glen-Molachan,
Je ne saurois exprimer le sentiment profond
que me fit éprouver l’aspect de cette
scène si imposante de la nature du nord,
de cette vieille terre qui se présente encore
à nos yeux telle que l’ont vue et chantée
Ossian et les anciens Bardes.
On pouvoit croire entendre dans le mugissement
du vent, la mystique et sombre voix
du Barde écossais ; contempler avec lui
les ames de ses guerriers errants sur les
bruyères désertes, ou voir avec Shakespeare
les esprits infernaux trâpier entr’eux , dans
ces immenses contrées abandonnées des
hommes, leurs noirs projets contre les humains;
un Macbeth, chargé de crimes et de
remords, parcourir les montagnes désertes,
en formant de nouveaux projets ¿’ambition,
h
de haine et de vengeance, et trouvant partout
la nature e* harmonie avec les sombres
pensées de son ame.
Peu de sites, même dans les lieux les plus
sauvages , les plus agrestes de la Suisse, au
milieu des glaces éternelles de ses vallées,
des fnmats de ses monts énormes, ont fait
sur moi une plus vive impression, que cette
première entrée dans les Highlands. Il me
sembloil nue je trouvois dans cette sombre
nature, le secret du caractère sauvage et
mélancolique de 1 habitant de ces montagnes,
de ses superstitions, de sa musique plaintive,
et de sa poésie qui parle à l’imagination par
les images les plus fortes.
Le 5 Mai, nous quittâmes Luss, et à
Dumbarton, nous prîmes à pied la route de
Cardross.
A Benton nous rentrâmes dans le district
des formations secondaires que nous avions
quitté au même endroit. La rive occidentale
du Loch Lomond est primitive, formée
de montagnes élevées de trois à quatre
cents toises au-dessus du lac duquel la hauteur
n ’est que de quatre toises au-dessus de
la mer. Ces montagnes sont composées d’un