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dans une foire ; il parle d’un ton fort animé ;
le plus profond silence règne dans son auditoire.
Quel est mon étonnement, lorsque je
découvre que cet orateur, dont la voix, les
gestes, les vêtemens, l’apparence enfin toute
entière sembloient indiquer un bateleur,
étoit un de ces Missionnaires méthodistes
prétendus ministres de la Religion , qui
instruisoit dans la doctrine de sa secte, les
passans et les promeneurs que la beauté de
la soirée avoit attirés sur Calton-hill !
Dans le costume le plus vulgaire, criant
d’une voix de Stentor, gesticulant comme
Polichinel, ce singulier prêcheur ne pouvoit
pas inspirer une grande dévotion à la multitude
d’allans et de venans, qui, le chapeau
sur la tête , s’arrêtoient un moment, pour
entendre son sermon, et qui pour la plupart
se retiroient plus scandalisés qu’édifiés en
voyant ainsi profaner le nom sacré de la
Religion, et assimiler le noble état d’un ministre
du culte au métier d’un bouffon de
foire. On est encore plus surpris de voir une
telle scène permise par les magistrats d’une
ville et d’un pays qui professe , jusque dans
les moindres détails\ une pureté et une sé-
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vérité poussées par fois à l’extrême. Je
sais que la Constitution britannique permet
le , libre exercice de tous les cultes
chrétiens; mais dans un cas pareil, cette
tolérance devroit avoir des bornes, et
il ne devroit pas être permis au premier artisan
qui se croit inspiré, de s’établir sur
une place publique et d’y prêcher une doctrine
aussi vicieuse dans ses dogmes, que
dangereuse dans ses effets ; une doctrine où
la Divinité est représentée comme un juge
sans miséricorde et sans clémence, et où les
peines les plus terribles de l ’enfer sont décrites
avec véhémence, comme devant être
le partage de ceux qui n’embrassent pas la
croyance des Méthodistes. De telles peintures
, qui font l’objet continuel des discours
de ces prédicateurs de carrefours, ont dérangé
l’esprit de bien des personnes foibles
et superstitieuses ( i) .
Après avoir visité Calton-hill, on peut
se rendre à Leith , le port d’Edimbourg,
qui est éloigné de près de deux milles de la
(i) On a dernièrement un peu dénaturé le joli
céteau de Calton-Hill, en y faisant passer la grande
route de Londres.