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la partie de l’île d’Arran qui s’avance le
plus au nord. Le soleil couchant teignent
des couleurs les plus brillantes les eaux
parfaitement calmes du bras de mer, large
de deux lieues, qui nous séparoit de la
presqu’île de Canlyre; les coteaux couverts
d’une légère vapeur étoient couronnés par
des nuages d’or, une teinte d’un beau violet
régnoit sur les montagnes O D du comté d’Argyle
que nous voyions au nord, et au milieu
desquelles nous distinguions aisément l ’entrée
du Dgolfe Olong et étroit,'i nommé Loch-
Fine. Tout éloit là si calme et si serein que
nous ne pouvions nous arracher à ce beau
spectacle; et en revenant à notre auberge,
nous tournions à chaque instant la tête pour
jouir encore de ce tableau enchanteur.
Le fond de la baie prësentoit cependant,
dans un genre différent, une vue remarquable
; une petite vallée à fond plat, de
près d’une lieue de longueur, va se terminer
vers le midi au pied des monts granitiques
de Tornidneon et de Ceim-na-Caillich, dont
les arrêtes sont nues, arides et profondément
découpées. Les coteaux qui bordent
ce vallon à l’est et à l’ouest , sont moins élevés
, et revêtus en partie de petits bosquets
naturels; le petit lac Ranza couvre une portion
du fond de la vallée, le reste est occupé
par des champs cultivés, des bois, des enclos
rustiques et des cabanes éparses cà et là.
Il étoit presque nuit quand nous arrivâmes
à 1 auberge, et rien n’étoil encore préparé.
On n avoit pu se procurer aucune provision.
Nous envoyâmes Covvie jeter son filet dans
le lac, sa pêche fut heureuse, il nous rapporta
quelques Carrelets ( Flounders ), poissons
plats , du genre de la Sole. Peu après,
nous entendîmes notre hôte qui accordoit
son violon, pour nous apprendre qu’il n’étoit
point étranger aux beaux arts. L ’ayant prié
de nous faire entendre de plus près les sons
de son instrument, il accourut, sans se faire
presser, et nous joua autant d’airs écossais,
vifs ou plaintifs, que nous pouvions le désirer.
Il avoit de la force dans son jeu, mais il ne
sembloil pas faire grand cas de la justessedes
sons. Bientôt il nous offrit de nous faire voir
une danse des montagnards écossais. Il appela
ses deux filles qui n’étoient rien moins
que jolies; elles arrivèrent nus pieds connue
sont en général toutes les femmes de l’île,