
O b lig e , pour jeter sur cette question
un véritable jour , de combattre les préjugés
défavorables aux habitans du nord
de l’île , répandus dès long-temps chez
les Anglais, il m’a fallu rechercher les
causes de semblables préventions. Lors
même que cette injustice héréditaire est
beaucoup moins marquée de nos jours,
elle ne laisse pas que de surprendre celui
qui a observé avec attention, le caractère
particulier de chacun de ces peuples,
encore si différens l’un de l’autre : il m’a
fallu les comparer dans quelques points
iinportans, et je ne l’ai pas fait sans
répugnance ; les comparaisons entre
deux nations, sont un sujet délicat et
difficile pour un étranger. Mais la qualité
même d’étranger est en quelque sorte
le garant d’une plus grande impartialité
dans les jugemens; aussi ne me suis-je
permis aucune assertion hazardée, et
ai-je eu soin d’appuyer sur des faits notoires,
les opinions qu’a laissé dans mon
esprit un séjour de deux ans en Ecosse,
et d’un an en Angleterre.
Personne n’admire plus que moi, la
noble loyauté, le patriotisme, les généreux
sentimens qui caractérisent la nation
Anglaise ; personne ne sent plus
vivement le mérite de cette constitution
q u i, en assurant à ce peuple les bienfaits
d’une liberté sage, a créé de nombreuses
institutions, destinées à faire le
bonheur et la gloire de toutes les classes,
et à répandre dans la totalité du corps
social une vie et un mouvement moral,
qui rend les Anglais si justement fiers
de leur pays et de leur nom. Qui pour-
roit, en effet, avoir vu sans être pénétré
d ’un profond respect et d’ un v if enthousiasme
, le noble élan d’esprit p u b lic ,
le dévouement, et les efforts soutenus
dont l’Angleterre offroit l’exemple à l’E u rope
étonnée, pendant toute la durée
d ’une lutte, la plus acharnée et la plus
longue que ce pays ait eu jamais à