
Le régisseur des o domaines du Duc de
Hamilton, M.* Lamont, dont le iils étoit
un des passagers de notre bateau , ainsi que
les principaux habitants de cette partie de
l’île étoient sur le rivage; ils attendoient
avec impatience l’arrivée du bateau , seule
communication qu’ils ayent avec le monde
civilisé; une fois par semaine seulement*
A peine avions-nous mis pied à terre ,
que nous avions déjà reçu de Mr. L... une
invitation pour dîner le lendemain au château
qu’il habite. Il voyoit en nous les compagnons
de voyage dé son fils, et c’étoit
pour l ’hospitalité écossaise une recommandation
suffisante.
Je fus singulièrement frappé en débarquant,
de l’aspect sauvage et désert de l’île;
nous ne voyons de tous les côtés de la baye
que des montagnes élevées et couvertes
d’une noire bruyère , que des vallées incultes
, ou des rocs nus et arides. Sur les
bords méridionaux de cette baye , on n’aperçoit
au loin que de hauts rochers battus
par les flots, surmontés par des sommité^
non moins sauvages, et entièrement abandonnées
des hommes. L ’orage qui nous avoit
poussés avec une si grande rapidité, avoit aussi
amené d’épais nuages qui s’étendant le long
des montagnes, ou enveloppant leurs sommets
élevés, répandoient l’obscurité à l ’en-
tour. Ce ciel sombre et menaçant étoit en
harmonie avec l ’aspect sévère de la nature,
rendu plus imposant encore par le mugissement
des vagues qui venoient se briser
contre les rochers du rivage.
Quelques misérables cabanes répandues
ça et là à de grandes distances les unes des
autres, étoient les seuls objets qui pussent
nous indiquer que cette île , quelque stérile
qu’elle fût, n’étoit pas tout-à-fait déserte.
J’avois oui parler d’une ville de Brodick où
nous devions aborder, je la cherchois, mais
je ne voyois que le château. Quelle ne fut
pas ma surprise lorsqu’on me fit découvrir
, sur le bord du rivage , quatre ou cinq
petites huttes grossièrement couvertes de
chaume, difficiles à distinguer des rochers
et du terrain , et qu’on me dit que c’étoit là
la ville de Brodick, capitale de l’île d’Arran.
Un village de pêcheurs auroit été une cité
superbe comparé avec ce Brodick qui ressemble
au plus misérable établissement d’une
horde de Lapons.