
ment touché de voir combien la qualité de
Suisse me rendoit facile l’accès auprès de la
plupart des Ecossais de toutes les classes.
Un trait qui distingue par-dessus tout la
société écossaise , c’est la parfaite sûreté du
commerce et la sincérité dans l’expression des
sentimens. Cette qualité sans laquelle la
société peut être amusante pour l’esprit,
mais ne peut satisfaire entièrement le coeur,
tient à la moralité qui fait le fond du
caractère Ecossais et à une candeur , à
une loyauté qui existent dans toutes les
classes. Aussi le commérage et la médisance
qu’il entraîne nécessairement sont-
ils beaucoup moins communs en Ecosse
que partout ailleurs. L ’instruction, qui est
généralement répandue , porte à s’occuper
en conversation plus volontiers des
idées générales que des individus. 1 Les
femmes, ayant toutes reçu une éducation très
soignée , connoissent pour la plupart les
ouvrages les plus remarquables, non-seulement
dans leur propre langue, mais dans les
langues étrangères. Elles aiment la poésie et
les beaux arts avec enthousiasme, la musique
en particulier et surtout la musique Ecossaise,
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dont l’expression plaintive est en rapport
avec une teinte légère de mélancolie que
l’on trouve souvent chez les Ecossaises , unie
avec beaucoup d’enjouement.
Ce contraste a quelque chose d’extrêmement
piquant, et prouve le parfait naturel
des Ecossaises ; car l ’affectation ne pren-
droit pas à la fois deux chemins aussi opposés.
Elles aiment la danse avec passion. Les
danses Ecossaises sont remarquables par la
vivacité du mouvement; la musique en est
purement nationale et un rythme bien marqué
anime les danseurs. La plupart des
femmes y déploient beaucoup de talent et
de grâces.
La danse à Edimbourg est le plaisir le
plus général, et l ’on n’y renonce guère qu’à
un âge avancé. Bien n ’est plus commun que
de voir le père et le fils, la mère et la fille
figurer dans la même contredanse. Cela ne
peut avoir lieu que dans un pays où la danse
est considérée comme un amusement sans
prétention, plutôt que comme un art qui exige
de l’étude, et par lequel on recherche les ap~
plaudissemens, dans un pays surtout où une
bienveillance mutuelle interdit l’arme du ridi