
à notre approche toutes leurs cabanes, dans
lesquelles ils ont établi en secret des distilleries
de whisky, prohibées par la loi. Nous
nous affligions de jeter ainsi l’inquiétude
parmi ces pauvres gens. S’ils avoient connu
combien le but de notre voyage étoit étranger
à ce qu ils redoutoient, on les auroit vu
s’empresser, comme partout ailleurs dans ce
bon pa y s, à nous offrir l’hospitalité.
Parvenus au pied de rochers fort éloignés
de toute habitation , nous tombâmes par
hazard sur le dépôt de toute la contrebande.
Dans une petite caverne dont l’entrée étoit
en partie couverte par les broussailles ,
étoient rangées trente ou quarante banques
de whisky , destinées à être transportées
pendant la nuit à bord d’un bâtiment mouillé
non loin de là. On avoit laissé à l’entrée de
la grotte , quelques lances de fer en apparence
fort anciennes. Ce sont les armes dont
les contrebandiers se servent pour se défendre
en cas d’attaque. En levant les yeux,
nous aperçûmes sur le haut des rochers, une
troupe d’hommes qui, avec des regards inquiets,
épioient attentivement tous nos mou-,
vemens. C’étoient les propriétaires des ton-
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neaux. Nous nous hâtâmes de mettre fin à
leur inquiétude , en nous retirant sans toucher
à ce dépôt ; mais il est à croire que ces
malheureux, voyant leur entreprise découverte
, n’auront pas douté que leurs marchandises
ne fussent saisies avant la fin de
la journée.
A l’aspect de cette grotte solitaire , de
ces armes, de ces hommes, en embuscade
dans les rochers , il nous sembloit que nous
étions tombés dans la caverne des quarante
voleurs ; et en effet , partout ailleurs que
dans une île aussi sauvage, on auroit pris ce
rendez-vous de contrebandiers pour un repaire
de brigands.
Nous rencontrâmes bientôt après une
as$ez large rivière, nommée Irsa-water, qui
descend comme un torrent des hautes vallées
du nord de l’île. Faute de pont, il nous
fallut sauter, avec beaucoup de difficulté, sur
des blocs de granit placés à une assez grande
distance les uns des autres.
L Irsa va se jeter dans la belle et grande
baie de Machry , dont nous suivîmes quelque
temps les rivages.
Nous ne tardâmes pas a trouver le chemin