
un mur de pierres sans ciment et peu élevS
forme l’enceinte de ces chétives habitations,
une porte fort basse et une ou deux petites
fenêtres donnent entrée au jour, et servent
en même temps de débouché à la fumée d’un
feu de tourbe, qui brûle au milieu de la seule
chambre que contiennent ces maisons. Un
toît de chaume grossièrement entassé recouvre
ces pauvres huttes qui ne ressemblent
pas mal à nos chalets des Alpes. Comme
nous avancions vers la porte d’une de ces
maisons, pour en examiner l’intérieur, une
bonne vieille qui l’habitoit vint au devant de
nous et nous pria d’entrer ; elle nous offrit aveo
la vraie hospitalité écossaise , un verre de
whisky ( i ) ; refuser l’auroit désobligée, et lui
offrir de l ’argent, l’auroit offensée. L ’accueil
qui nous auroit été fait par l’habitant riche
et civilisé d’une élégante chaumière, dans
la partie méridionale de cette île, eût été
bien différent. Pour moi, en voyageur, je
préféré hautement les sauvages cabanes des
Highlands, dans lesquelles l’étranger est
(1) w h isk y eau de vie d ’o r g e , ücjueur favorite
des montagnards écossais.
toujours le bien venu, à ces fermes si com-
forlables dont on ne peut guère voir que
l ’extérieur.
Contraints de renoncer à notre projet de
gravir Ben Lomond, nous montâmes vers
la fin de la journée , sur une des collines
voisines de Luss. De son sommet, le lac et
ses nombreuses îles paroissant sur différens
plans et à différentes distances, formoient un
beau spectacle. Mais nos regards ne pou-
voient se détacher des sauvages montagnes
qui nous environnoient au sud et à l’ouest;
ces monts élevés, uniquement recouverts
d un court gazon mêlé d’une noire et triste
bruyère , enfermoient entre eux des vallées
encore-plus sombres. L ’une d’elles, Glen-
Molachan, nous frappa par l’extrême solitude
et le profond silence qui semblent v
régner.
Cette triste vallée qui paroît le séjour de
la mort, descend par une pente rapide entre
deux montagnes, et n’est couverte, ainsi que
tout ce qui l’environne aussi loin que la
vue peut s’étendre , que de touffes d’une
obscure bruyère. Un petit ruisseau coule
dans le fond, et se cache en partie sous les