
encouragent les observations et ont amené la
découverte de plusieurs faits intéressans.
C’étoit un spectacle curieux que celui
d’une discussion, si différente de la politique,
débattue avec tant de suite | tant de chaleur
et tant d’intérêt, dans un moment oh l’Europe
entière étoit en proie aux malheurs de
îa guerre ou de l ’oppression, et où la lutte la
plus acharnée, dont l’histoire ait fait mention,
existoit entre l’Angleterre et la France, Je ne
Veux point donner à entendre par-là que les
savans écossais ne parlageoient pas le noble
patriotisme qui animoit alors tout l’empire
Britannique ; ils en ont donné des preuves
manifestes dans plus d’une occasion ; mais
rien ne peut mieux prouver l’élat de calme
et de prospérité intérieure dont jouissoit la
Grande-Bretagne , dans un temps où ses
ennemis seplaisoient à la représenter comme
déchirée par des factions, occupée à combattre
des révoltes intestines et prête enfin à
succomber sous la réunion de tant de fléaux.
Cet amour pour la discussion des sujets
politiques ou littéraires , et pour les entretiens
d’un genre grave , fait que les hommes
de la société d’Edimbourg recherchent
en général la conversation des femmes,
quoique il y ait assurément peu de pay &
où l’on en trouve de plus capables de s’entretenir
d’objets sérieux. Mais il n’est pas
reçu de parler politique devant les femmes ;
de là vient qu’après le dîner les hommes
restent long - temps à table , lorsque les
dames se sont retirées dans le salon. Il ne
faut pas croire, comme l ’ont prétendu plusieurs,
étrangers, que cette coutume suppose
un amour immodéré de la boisson; ce peut
être le cas. pouç quelques individus, mais la
grande généralité des Ecossais et des Anglais,
qui conservent, encore ^ancienne habitude
de prolonger le repas , y cherchent des jpuisr
sances plus raisonnables et plus sensées.
Dans les dîners nombreux , où il règne
une certaine cérémonie, une discussion pror
fonde devient presqu’impossible, les hommes
séparés les uns des autres par, les femmes,
ne peuvent causer enlr’eux; d’anciennes formalités,
dont plusieurs commencent à passer
de mode ^ absorbent toute l’attention ( i) ,
(1) Un de ces usages qu’oa» ne retrouve presque
plus, que chez les personnes âgées, pour être dicté
par une certaine bienveillance, une bonhomie antique,
iùn étoit pas moins fort incommode pour un