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ligion exposées aux plus grands dangers par
le retour d’un Prince catholique, d’un des-
Cendant d’une maison qui avoit toujours
cherché à empiéter sur leurs droits. Le souvenir
des révolutions successives, des troubles
politiques qui avoient signalé le règne
des derniers Sluarts se présentait sans cesse
à leur esprit ; et sincèrement attachés à la
maison de Hanovre, que le voeu de la nation
avoit appelée au trône, ils se préparoient
à verser leur sang pour leur roi George, en,
lo}raux et fidèles sujets.
Les Montagnards Ecossais , au contraire ,
moins avancés dans la civilisation , et plus
éloignés que les Anglais du centre du gouvernement
, sentoient & peine le prix de ces
droits et de ces privilèges politiques , pour
lesquels d’ailleurs la foible part de représentation
nationale que leur avoit laissé le
traité d’Union des deux royaumes ,! dimi-
nuoit beaucoup leur intérêt. Renfermés dans
leurs sauvages vallées et leurs lies solitaires,
séparés du reste des nations civilisées par
des mers orageuses et des monts escarpés,
les idées libérales n’avoient pu parvenir jusfi
qu’à eux ; et, y fussent-elles même arrivées’,
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elles n’auroient fait qu’une foible impression
sur un peuple pleinement satisfait de son existence
* quelque malheureuse et barbare que
Cette destinée pût sembler aux yeux des philosophes
éclairés de notre siècle. Le régime féodal,
qui, dans la plupart des contrées de l’Europe
, éloit accompagné d’abus si révoltans,
11’étoit en Ecosse qu’une liaison de famille
entre des chefs et des tribus portant le même
nom, supposés descendre d’une souche commune,
jet unis entre eux par un contrat que
des bienfaits et de bons offices réciproques
avoient cimenté d’âge en âge. Détestant l ’u-j
nion des deux royaumes, qu’ils regardoient
comme humiliante pour le plus,foible,ils s’empressent
de suivre le guerrier qui leur promet
l’indépçndançe. Le Prince, qui se met à leur
tête, est un Ecossais, il porte un nom écossais,
et descend de ces souverains qui ont gouverné
si long-temps l'Ecosse indépendante
et libre; N’ayant pris aucune part à la révolution
qui força Jacques II à déposer la couronne,
n’ayant point participé à celle qui
plaça lamaison d’Hanpvre sur le trône de
la Gr£{nde-Bi*etaguç,. ils protestaient contre
ce qui avoit été fait sans leur assentiment,