
«le bien des pairs ; il en est d’autres qui se
sont illustrées par les armes , les sciences et
la littérature, et qui, étant recherchées par
tout ce qui a de l'instruction, forment autant
de chaînons qui unissent les rangs divers.
La richesse est beaucoup moins essentielle
en Ecosse qu’en Angleterre, pour occuper
dans le monde une place agréable ; le
luxe n’y est pas à beaucoup près aussi frappant
ni aussi général. Il existe dans ce pays un
grand esprit de simplicité et il y a de plus une
sorte d’égalité dans la bonne compagnie qui
est respectée par ceux qui pourroie’nt le plus
aisément s’y soutraire. Une cordialité franche,
unepolitessenaturelle, quiprocèdentplu-
totdel envie de plaire et du désir de rendre les
autres heureux que de l’étude de ce qu’on appelle
l’usage du monde, remplacent chez les
Ecossais la hauteur et la réserve de leurs
voisins. C est surtout à l’égard des étrangers
que le caractère Ecossais se montre avec le
plus d avantage. L ’hospitalité dans toutes ses
nuances les plus fines et sous toutes ses formes
, est la vertu nationale de l’Ecosse. Les
babitans de ce pays ne partagent pas l’éloi-
gnement pour les étrangers et les préjugés à
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leur égard qu'on a si souvent, et avec fondement,
reprochés aux Anglais, même de la
meilleure société.
En cherchant dans l ’état ancien et actuel
de l’Ecosse les causes de cette différence
si remarquable, nous les trouverons
dans les relations intimes qui existoient
jadis entre le royaume d’Ecosse et plusieurs
des gouvernemens du continent,
en particulier avec la France. Cette puissance
, qui a toujours été l’ennemie et la rivale
la plus acharnée de l’Angleterre, étok
au contraire l’alliée la plus intime de l’Ecosse
, et l’aida souvent à se défendre contre
les attaques des Anglais. Les Ecossais ont
même joui en France, jusqu'à l’époque de
la révolution, de privilèges dont les autres
nations étoient exclues ; ils éloient exempts
de la traite foraine , ils avoient à Paris
un collège consacré aux Ecossais catholiques
, et administré par des professeurs
Ecossais. L ’Ecosse fournissoit aussi jadis au
roi de France une compagnie de gardes du
corps. Tant de privilèges encourageoient les
nobles et les gentils-hommes à voyager en
France , à y faire élever leurs enfans et souvent
même à s’y établir. Ils apprenoient la
'à