
un léger inconvénient, qu’un péril immédiat
et pressant qu’on éviteroit en prenant
la route souterraine. Et combien n’y a-t-il
pas de voyageurs quipréféreroient un danger
réel, mais visible , sur la surface de la mer,
au danger, quelque imaginaire qu’il pût
être l qu’offriroit à leur esprit pendant toute
la traversée souterraine, l’idée de cette mer
profonde et terrible qui gronde sur leur
tète , et peut, d’un instant à l’autre, les engloutir
?
Comme nous nous serions trop éloignés de
lamer en prenant la grande route, pour
nous rendre à Inverkilheim , première ville
a l’est de North-Ferry , nous préférâmes
suivre les rivages, pour arriver çm même but.
Du haut des rochers qui s’élèvent au-dessus
de Queens-Ferry on jouit d’une vue lout-à-
fait maritime. Sous nos pieds s’étendoit une
baye formée par le promontoire sur lequel
le bourg est bâti; une foule de petits bateaux
s ’y étoient réunis pour la pêche des harengs
et animoient le paysage; des troupes innombrables
de mouettes de toute espèce (Larus
tridactylus, canus , hjbemus,) et le grand
goéland cendré {Larus Jus eus), attirés par
l ’espoir de saisir les petits poissoins que les
pêcheurs rejettent de leurs filets , voîoient
sans crainte autour des bateaux, et venoient
prendre ces poissons jusque sur le bateau
même. Un héron gris ( ardea cinerea) caché
dans les broussailles , sur une des petites
Collines couvertes de gazon qui bordent le
rivage, s’enfuit à notre approche. Inverki-
theim, que nous traversâmes , est un bourg
laid et sale , ayant un petit port qui reçoit
quelques bâtimens dé pêche. La nuit nous
surprit avant d’arriver à Aberdour éloigné
d’une lieue d’Inverkitheim ; les chemins
étoient mauvais et fatiguans.Nous couchâmes
à Aberdour qui ne paroît qu’un triste village
de pêcheurs ; il s’y fait cependant quelque
commerce : on en exporte du sel et du charbon
de terre, ainsi que des harengs salés.
Une petite anse forme le port de ce village
, et présente un aspect pittoresque. Au
moment où nous arrivions tous les petits bateaux
en sortoient pour aller, un peu plus
au large , à la pêche des harengs. Entre le
port et Aberdour, on remarque un château
ruiné habité autrefois par l’illustre famille
des Mortimers ; il appartient maintenant à