
ces temps reculés, où les peuples n’avoienï
d’autres moyens de se transmettre leurs souvenirs
que celui des traditions orales et de
la poésie.
Ces traditions transmises de père en fils
depuis un temps immémorial , ces poëmes
historiques existent encore dans l’île d’Arran,
et les insulaires se plaisent à répéter les
chants antiques qui leur rappellent les exploits
de leurs ancêtres et les transportent
par l ’imagination dans les temps de ténèbres
qui sont leurs siècles héroïques.
J’ai souvent interrogé G mes Dguides et ceux
des habitans qui pouvoient parler l ’anglais,
pour connoître leurs opinions sur ces monu-
mens et sur le peuple qui, jadis, vivoit dans
ces îles. Ils m’ont toujours répondu que ces
monumens étoient l’ouvrage des Géants ; que
cette île maintenant, si nue et si stérile, a
été une fois couverte d’épaisses forêts, et que
les Géants qui l’habitoient passoient leur vie
à chasser les cerfs et les daims qui peuploient
ces bois, et à se faire la guerre les uns aux
autres. Ils m’ont dit aussi qu’il existe encore
dans Arran plusieurs vieillards qui savent
chanter les poëmes gaëlics , composés par
îes Géants, et dans lesquels, leur manière de
vivre, et leurs combats sont fidèlement décrits.
Il y a entre Shiskin etMachry, un petit hameau
où vit un homme qui, à ce qu’on me
dit, possède plusieurs de ces poëmes dans
des manuscrits fort anciens ; mais il se trou-
voit malheureusement absent lorsque nous y
passâmes, et nous ne pûmes pas les voir.
Quand on considère l ’existence de ces poésies
traditionnelles, qui me paroîtindubitable,
les histoires que les insulaires racontent sur
les Géants, les noms par lesquels ils désignent
leurs chefs, noms qui sont ceux du
Roi Fingal ÇRhi Fiounga'èl), d’Ossian, etc,
on ne peut s’empêcher de croire, que ces
poëmes sont des fragmens des poésies Os-
sianiques, si répandues dans toute la haute
Ecosse.
Je n’entreprendrai point ici de discuter
l’authenticité des poëmes d’Ossian, réservant
cet objet pour un autre chapitre, où je traiterai
en même temps des moeurs et des coutumes
tant anciennes qu’actuelles des montagnards
d’Ecosse en général; les observations
précédentes étant plus particulières à l ’île
d’Arran.
Je ne résisterai pas cependant à terminer
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