
La rue nommée Princes Street fait le pendant
de celle dont je viens de parler. Le
rocher sauvage surmonté de la forteresse ,
le ravin couronné par les antiques bâti-
mens de la vieille ville, les collines pittoresques
d’Arthurs Seat, de Salisbury-Craigs
et du Calton hill, forment le point de vue
dont on jouit dans toute la longueur de cette
rue. Etant ouverte au midi, elle offre en
hiver un promenoir fort agréable. Les maisons
en réfléchissant les rayons du soleil et
en abritant des vents glacés du nord maintiennent
une chaleur douce et salutaire. C’est là
que depuis deux heures jusqu’à quatre, pendant
les mois d’hiver, tout Edimbourg se rassemble.
Cette rue présente alors le coup-
d’oeil le plus vivant. Les larges trottoirs sont
remplis d’hommes bien mis, de femmes élégamment
parées ; un passage continuel d’équipages
brillans, de chaises de postes, de diligences
anime le milieu de la rue qui est
aussi la grande route de Glascow et de
l’Ouest de l’Ecosse. J’ai souvent admiré dans
les belles nuits du printems l ’effet romantique
du château , vu de Princes Street. Lçs
formes âpres et escarpées du sombre rocher
se dessinent sur les derniers reflets du
couchant, les murailles et les bâtimens de
la forteresse semblent toucher le Ciel, les
antiques édifices de la vieille ville , couverts
des ombres de la nuit, paroissent comme des
rocs sauvages découpés en mille formes
bisarres par la main du temps. Quelques
rayons d’une foible lumière s’échappent parfois
d’une petite fenêtre dans la partie la plus
élevée du château et semblent partir de la
lampe qui éclaire un malheureux prisonnier
dans son donjon ôbscur, et les sons mélodieux
du bugle ou cor qui se font entendre
du haut de ces murailles comme le signal
de la retraite, rappellent les temps de la chevalerie
et du moyen âge.
Lors de mon séjour à Edimbourg, on tra-
vailloit de toute part à l’augmentation de
la ville, de nouveaux quartiers s’élevoient
de tous côtés. D ’autres plus nouveaux encore
occupent à présent les endroits où j©
ne voyois que des champs et de vertes prairies.
L ’accroissement prodigieux et rapide
de cette ville a infiniment augmenté la valeur
des terres qui l’avoisinent ; je connois un
propriétaire qui acheta il y aq^elques années