
la mer d’Irlande, au milieu de laquelle nous
voyions dans le lointain s’élever l’énorme rocher
d’Ailsa. Cette montagne de forme conique
est si escarpée que, de même que le
Bass, elle n’est habitée que par d’innombrables
tribus d’oiseaux de mer. Nous voyions
d ’un autre côté, les rivages peu élevés du
comté d’A y r , s’étendant du nord-est au sud-
est, et terminés enfin par le promontoire
coupé à p ic , connu sous le nom de Mull
of Galloway.
Nous désespérions déjà d’arriver à Arran
dans la journée, lorsqu’un des matelots nous
annonce qu’une brise arrive du nord; il nous
invite à écouter, nous entendons un murmure
sourd et confus, une raie d’un bleu
foncé bordoit la mer vers le septentrion ; bientôt
notre espérance est réalisée , un vent favorable
enfle nos voiles, et, après avoir été
si long-temps immobiles, nous nous sentons
transportés avec vélocité sur les eaux qui
commencent à s’agiter. Déjà 1 es côtes d’Ayr-.
shire ne nous paroissent plus que comme
ces légers nuages qui s’élèvent à l’horizon,
et nous apercevons dans l ’ile d ’Arran mille
détails, que jusqu’alors nous n’avions pu dé
»
couvrir. Nous voyons distinctement et la baie
de Brodick où nous allons entrer, et l ’ile
deLamlash qui s’élève comme une montagne
près des côtes d’Arran; bientôt nous distinguons
des champs cultivés dans les environs
de Brodick, le château lui-même, et en un
clin-d’oeil nous sommes transportés par un
coup de vent violent dans la baie de Brodick.
Le bateau fendoit les ondes avec une
rapidité étonnante, et cette mer peu de
temps auparavant si calme, rouloit déjà d’immenses
vagues, et menaçoit de nous punir
par sa furie, des murmures qui nous étoient
échappés contre sa tranquillité. Des milliers
de Guillemots (TJria troile) nageoient paisiblement
sur cette mer .agitée, et ces oiseaux,
sans s’effrayer de notre bateau , passoient
souvent à une portée de pistolet de nous.
Nous jetâmes l’ancre enfin sous les murs du
chateau, après une traversée de sept heues
faites en dix heures.
Ne pouvant aborder avec le grand bateau,
il nous fallut braver encore dans un frêle esquif
la fureur delà mer, avaul que d’atteindre
le rivage si désiré d’Arran que nous tou--
chômes enfin.