
nous retournâmes à Luffness en traversant
la belle campagne 1 O de M.r Nisbet. Je vis à
Dirleton uu petit Tadorne que des enfans
avoient pris ; on l’avoit confié à une cane
domestique , pour Félever avec ses propres
petits; il paroissoit déjà tout apprivoisé. A
son plumage gris et blanc on l’auroit à
peine distingué des petits canards; mais la
forme de son bec, et surtout la longueur
de ses tarses, le faisoient aisément reconnoitre.
Le jour suivant, 20 Juin, nous nous rendîmes
au petit bourg de North-Berwick, situé
précisément à l’entrée du golfe deFôrth,
à l’endroit même où la côte dont la direction
générale a été jusqu’alors du S. E au N. O .,
commence à tourner pour prendre celle de
TE. N. E. ou l’O. S. O. North-Berwick est
un petit port de mer ; il est bâti au pied de
la colline nommée North-Berwick-Law, dont
l ’élévation est de neuf cents trente pieds anglais
( cent quarante-cinq toises de France )
au-dessus delà mer qui en baigne les hases.
Cette colline a une forme conique, et, placée
comme elle l’est, entre la mer et de longues
plaines, on l’aperçoit de fort loin de tous
les côtés : nous devions donc nous attendre
au beau spectacle qui se déploya à nos
yeux du sommet de ce tertre isolé. Le vaste
Océan , le beau golfe d’Edimbourg et ses
rivagO. es variés,7 la chaîne des monts Lammermuir
aux pieds desquels s’étend une
vaste et riche plaine admirablement cultivée,
les collines qui entourent Edimbourg, l’île
de May, enfin, la masse du rç>cher de Bass
qui s’élève comme une tour gigantesque
du sein des flots à une demi-lieue de North-
Berwick, voilà les traits principaux de ce
superbe tableau, sans cesse animé par
le passage de vaisseaux et d’embarcations
de toutes les formes et de toutes les grandeurs.
Le rivage que nous suivons a été singulièrement
travaillé par la mer ; ce ne sont plus
en effet les rives uniformes d’un golfe , ce
sont des côtes exposées à toute la violence
d’un grand océan ; partout des rochers bizarrement
découpés , de longs rescifs taillés
de mille manières différentes s’avancent au
loin dans la mer, et sont constamment blanchis
par l’écume des vagues. Là, ce sont des
rocs à pic, de hautes falaises qui s’élèvent