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langue française, la parloient avec facilité,
et de retour dans leur pays, ils introdui-
soient, autant qu’ils le pouvoient dans la
bonne compagnie, les manières et le ton de
la cour de Versailles. Depuis l’expédition
malheureuse du prétendant, et surtout depuis
la révolution française, les relations avec
la France avoient diminué et enfin cessé tout-
à-fait. Mais la petite cour de Monsieur comte
d'Artois., établie pendant quelque temps à
Edimbourg, y maintint encore des rapports
entre les classes élevées des deux nations.
Les communications scientifiques ont depuis
un peu suppléé aux relations de société, et
la langue française a continué à être apprise
et parlée avec facilité par tous ceux
qui ont reçu la moindre éducation. Les
femmes’, en particulier, à Edimbourg, ont
tme aptitude singulière à apprendre le français
, et j ’en ai connu plusieurs qui le parloient
couramment, élégamment, et presque
sans accent étranger, qui lisoient et goû-
toient les beautés des poètes français, sans
cependant avoir jamais quitté leur patrie.
Ilavoit aussi existé des rapports non moins
intimes entre l ’Ecosse et d’autres puissances
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continentales ; La Hollande avoit eu longtemps
à son service des régimens écossais ,
et la conformité de religion avoit établi des
liens entre l’Ecosse, les Provinces unies et la
partie protestante de la Suisse. Les Suisses
sont de tous les peuples du continent ceux
qui semblent avoir le plus d’analogie de caractère
avec les Ecossois , aussi sont-ils ceux
qui en reçoivent l’accueil le plus cordial. La
loyauté, la simplicité dans les moeurs, l’amour
du service militaire, la bravoure , le
respect pour la religion , pour les institutions
antiques de leurs pères , une instruction
plus généralement répandue et plus solide
que chez les autres peuples , sont des qualités
communes aux Ecossais et aux Suisses.
Leurs pays se ressemblent par leurs montagnes,
leurs lacs, la sévérité d’un climat
qui endurcit à la fatigue et aux privations ;
enfin ils ont un patriotisme semblable qui
leur fait regretter leur sauvage patrie , lorsqu’ils
sont obligés de la quitter , pour aller
chercher fortune dans des climats lointains,
et qui leur fait abandonner souvent les plus
grands avantages , pour venir mourir sous
leur ciel natal* J’ai souvent été profondé