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seule récoiupeiise que nous puissions ambitionner
pour des travaux étrangers à nos devoirs, est qu’ils
ne soient point au-dessous de ce que les naturalistes
ont le droit d’en attendre. Nous devons ajouter encore
que, bien que nos collections aient été nombreuses
et variées, elles furent le résultat de nos
propres ressources individuelles, et qu’elles n’occasionnèrent
aucune dépense à l’expédition.
Le ministère de la marine n’ayant pas jugé <à propos
de placer sur la corvette la Coquille des naturalistes
de profession, nous dûmes, au moment du
départ, assigner à chacun de nous les diverses branches
que nos recherches devaient plus exclusivement
embrasser. Ainsi, M. d’U rville , second officier de
l’expédition, déjà avantageusement connu par des
publications e stimables, se réserva la Botanique et
l’Entomologie; et M. G arnot, docteur en médecine,
chirurgien-major de la corvette, désira se livrer exclusivement
à la Mammalogie et cà l’Ornithologie. Il
nous échut donc en partage les branches nombreuses
et encore peu exploitées qui n’entraient point dans
les goûts de ces deux o ffic ie rs , en y joignant de plus
la Géologie.
Appelé bientôt à diriger une nouvelle expédition
dans l’Océan Pacifique, M. d’U rville, lors de la publication
des matériaux apportés par la corvette la
Coquille, se vit clans la nécessité d’en confier la rédaction
<à diverses personnes; et c’est ainsi que MM. Bory
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de Saint-Vincent et Ad. Brongniart eurent à faire
connaître les plantes nouvelles du voyage, et ([ue
M. L atre ille, Cjui s’adjoignit M. G u é rin , dut mettre
au jou r les descriptions des insectes alors inédits.
M. G arnot, dont le zèle et l’ardeur étaient à toute
épreuve, fut atteint, sur la côte du P é rou , d’ime d y -’
senterie des plus graves, en mars i 8 a 3 ; et cette redoutable
affection, prenant un caractère chron iq u e ,
le contraignit à dèbarcjuer au Port-.Tackson de la
Nouvelle-Galles du S u d , en janvier i8a4. Bieu que
souvent, dans ce laps de temps, des rechutes aient
menacé sa v ie , il ne cessa pas de s’occuper de ses
collections, et des préparations nombreuses que les
chasses journalières de plusieurs des gens de l’équ ipage
nécessitaient. Mais, enfin, il dut songer au retour,
et quitter une expédition qui devait encore
explorer des parages insalubres, et sillonner le grand
Océan pendant près de deux années. En abandonnant
la Coquille, M. Garno t emporta avec lui la plus
grande partie des collections réunies jusqu’à ce jour;
elles formaient plusieurs grandes caisses que nous
espérions voir arriver dans notre patrie comme les
prémices de nos travaux. Mais vain espoir! en s’embarquant
sur le navire anglais le Castle-forbes, notre
malheureux collègue devait faire naufrage ( ju illet
1824) au cap de Bonne-Espérance, et perdre eu un
seul jo u r le fruit d’une année de persévérance et de
soins. Heureux, toutefois, qu’il n’ait point été victime
de ce funeste accident.