i-xlérieiire, et nous ne chercherons qu’à ajouter quelques faits
susceptibles d’éclaircir l’histoire des iiisvdaires de la mer du Sud;
car, chaque jour, la physionomie originelle de ces peuples disparait
par leurs relations journalières avec d'autres nations. Le
croisement des races, de nouveaux usages, de nouvelles habitudes,
ne peuvent manquer d’apporter, dans un laps de temps
peu considérable, des changements qui déjà effacent chaque
jour ce t(id subsistait de leurs anciemies traditions. Au premier
coup d’oeil, on pourrait croire qu’il n’est point difficile de tracer
Ic tableau physique et moral de ces peuples, puisque les voyageurs
ont recueilli, sur la plupart, de nombreux docum cuts publiés dans
toutes les langues. Depuis Bongainville, Byron, W allis, Carteret
et Cook, en effet, peu d’années se sont écoulées sans que des
expéditions aient visité ces insulaires : des établissements permanents
d’Européens ont été fondés au milieu d’eux; et cependant
nous ne possédons encore que des esquisses fort imparfaites sur
cctte matière. Une telle c[uestion mérite bien aujourd’hui d’être
éclaircie; et peut-être le gouvernement qui ordonnerait une
expédition dans cc seul but servirait-il plus efficacement les
sciences (ju’on ne le pense communément ', N’est-il pas étonnant,
d’ailleurs, que la ijuestion ” sur les Océaniens, mise au concours
’ On sait que la pensée dominante de Péron , de cette anie de fe u , sitôt enlevée
aux sciences, était d’écrire une histoire de l’homme, pour laquelle il avait déjà ras-
semblé des notes, qui ont été égarées après sa mort.
’ Elle est ainsi conçue : « Recbercher l’origine des divers peuples répandus dans
rOcéanie ou les îles du Grand-Océan situées au Sud-Est du continent d’A sie, en examinant
les différences et les ressemblances qui existent entre eux et avec les autres
peuples sous le rapport de la configuration et de la constitution physique, des moeurs,
des usages, des institutions civiles et religieuses, des traditions et des monuments;
en comparant les éléments des langues, relativement à l’analogie des mois et aux
formes grammaticales, et en prenant en considération les moyens de communication,
d’après les positions géographiques, les vents régnants, les courants, et l’état de la
navigation. »
par la Société de Géographie, soit restée, plusieurs années de
suite, sans réponse, et qu’on n’ait iioint encore cherché à la résoudre
Mais voilà, à notre avis; où git la difficulté. Comment
faire concorder les observations de tons les genres, consignées
dans des relations écrites jiar leurs auteurs avec un mérite très-
variabte, des principes différents, et souvent sous l’influence
des sensations opposées ? Le savant qui voudra coordonner dans
son cabinet ce qu’ont dit les voyageurs sur les races des insulaires
de f Océan-Pacifique, sur leurs migrations; qui es.saiera
de suivre la filiation de leurs idées, de leurs arts, ou les types
de leur organisation, ne doit-il pas reculer devant Là divergence
des opinions et rester indécis au milieu des erreurs ou des incertitudes
dont rien ne jieut le dégager ? Aussi cet écueil est
tel, que la plupart des écrits relatifs à l’homme, et il en est
ou se montre la plus vaste érudition, sont pleins de rap-
|irochemeiits erronés qu’il était impossible d’éviter. Malgré
les connaissances dont nous sommes redevables à Forster,
a de Chamisso, à sir Raffles et au docteur Lcyden; malgré des
dcscrijitions complètes et détaillées de jilusieurs iles, où séjournèrent
long-tcinjis des Européens, tant de chaînons manquent
et interrompent la sih’ie des faits qui doivent lier, par une continuité
(le rapports, les peuplades les unes aux autres, (juc
nous ne jiouvons généraliser encore que les traits les jilus
saillants de leur histoire. Ce n’est donc, dans fétat actuel des
choses, (ju’uue esquisse très-imparfaite qu’il nous est possible de
présenter : le seul mérite qu’elle pourra avoir sera d’être basée,
eu grande jiartie, sur des observations faites pendant notre campagne,
ou jiarfois cmjiruntées à quelques voyageurs dont le
talent d observation est généralement reconnu.
Les sources où l’on jieut puiser pour étudier forganisation
el les moeurs des peuples de l’Océanie, de la Polynésie et de
Foyage ,U ta Coquille. — ?.. Tom. 1 5