Les iles de la Société avaient levir paradis, où se rendaient
les ames heureuses des lavanas, que le dieu, esprit ailé, emportait
et purifiait : celles des mataholes des îles des Amis habitaient
le délicieux séjour de Bolotou, d’oii étaient bannies les
ames du vulgaire, qui mourait eu entier. Les Nouveaux-Zélandais
ont la ferme croyance qu’après la m o r t, les esprits de
leurs pères planent sur Xhippah qui leur donna le jour, et se
rendent à l’Elysée, qu’ils nomment Ata-Mira, en plongeant dans
la mer, au lieu nommé Reinga, vers le cap Nord. Ces ames, au
contraire, errent autour du Pouke-Tapou, ou montagne sacrée,
et sont éternellement malheureuses, lorsque les corps qui les
renfermaient ont été mangés sur le champ de carnage, que leurs
tètes sont restées au pouvoir des ennemis, et que les cadavres
sont ainsi privés de Xoudoupa, ou sépulture de leurs pères. A
ces principes d’une religion corrompue, mais dont l’ensemble
ne nous est malheureusement que peu connu, à ces restes d’un
fanatisme barbare, sont liées des idées de sabéisme; et, dans
leur croyance, ils placent au ciel quelques-uns de leurs organes,
c|u’ils transforment en météores célestes. Arracher les yeux d’im
ennemi ', boire son sang, dévorer ses chairs palpitantes, c’est
coutumes (te plusieurs des peuples qu’il visita : « Lorsqu’ ils prennent un homme qui
« n ’est point de leurs amis, et qui ne peut se rachcder, ils le tuent, et le font servir
« .à tous leurs parents, comme un réga l, et cette chars d ’om e , o n t- ilsp o r la meilor
(i-vian d e q u il p en sen t avoir. « Or, c’est ce que pratiquent encore les Nouveaux-
Zélandais, e t , à ce qu’assurent plusieurs navigateurs d’un grand mérite, l’amiral de
Krusenstern entre autres, ce qu’on remarque chez les habitants des îles Mcndoce,
des Fidjis, de Salomon , des Navigateurs, de la Nouvelle-Calédonie, et ce que p ra lL
quaient naguère les Sandwichiens.
‘ TU RN BU L L rapporte ( pag. 3 4 f ) qu’à Taïti « lorsque le corps d’un homme,
« choisi pour servir de victime e xpia toire, est déposé sur le M oraï, on lui enlève les
«yeux pour les présenter au Roi sur une feuille d’arbre à pain. C e lu i-c i ouvre la
«bouche comme pour avaler ce qu’on lui offre, et il est supposé en acquérir plus
« de force et d’adresse. » M. Marsden, dans son Voy. à la Nouvelle-Zélande, observa
la même coutume; et c’est ainsi que le fameux chef Shon gi avait arraché et dévoré
hériter de son courage, de sa valeur, commander à son dieu,
et, enfin, accroître ainsi la puissance que chaque guerrier ambitionne.
Tels sont les fondements du droit de la guerre chez les
insulaires des Marquises [Rrusenstern), des Fidjis [h Navihi-
Levou, Mariner, t. I , p. 335 ) , et des Tonga ( Mar., 1 . 1 , p. 338 ).
Il serait trop long de rechercher les rapports d’analogie ([ui
existent sur les devoirs ;i rendre aux morts, comme type caractéristique
des Océaniens. Leurs prêtres, leurs sacrifices, leur.«
cérémonies funèbres, leurs tombeaux, les arbres de deuil, annoncent
une croyance commune. La jioésie même de ces peuples,
semblable a leur langue, qui ne varie que par l’introduction
fréquente de mots nouveaux; leur poésie, unie à une inusi<|ue
dans I enfance, mais composée de mesures lentes, de sons graves,
attestent une civilisation régulière et une méditation bien entendue
du but primitif et religieux de ces deux arts.
Leur langue, bien que simple en apparence, est riche en
tournures orientales; et les règles de leur grammaire, généralement
analogues, d’après celles.que nous connaissons diffèrent
singulièrement du malais pur, dont le génie est ojiposé ”. Tous
les yeux de plusieurs de ses ennemis, dans la ferme persuasion qu’il se les appropriait
et que le nombre des étoiles qui lui étaient consacrées au ciel s’augmentait ainsi de
celles des chefs qu’il avait vaincus; car, suivant la croyance de ces peuples, chaque
cerl, après la mort, est une étoile qui brille au firmament.
' A Grammar a n d Vocabu la ry o f the language o f N ew - Z e a la n d , i vol.
111-12, 23 o pages, 1820.
Grammaire des lies T o n g a , .à la fin du tome II de la relation de Mariner, pa.
Martin, édit. o r ig ., 2 vol. in -8” .
T M l ia n Grammar, publiée .à T a ïti, en i 8î 3 , par les missionnaires.
Nous avions écrit ceci bien avant d’avoir connu l’opinion des missionnaires américains
qui sont fixés dans plusieurs des iles océaniennes, et qui disent : H has been
a theory, in which g eographers and philolog is ts ha ve universally con cu rred , that
the Malayan a n d Polynesian languages were f r om the same s to ck , or la th e r
t at t e attei was only a branch o f the fo rm e r . The investigations o f the missior
o n g , J , /„ C a , _ 2 ^