suite, comme le témoignage de la patience du guerrier à endurer
la douleur qui accompagne toujours une pratique qui blesse les
organes les plus sensibles de la périphérie du corps.
Les femmes, à la Nouvelle-Zélande, comme aux iles Marquises,
se font piquer de dessins à f angle interne des sourcils
et aux commissures des lèvres, et souvent sur le menton. En
général, le tatouage des Océaniens se compose de cercles ou
demi-cercles, opposés ou bordés de dentelures, qui se rapportent
au cercle sans fin du monde de la mythologie indienne.
Cependant, celui des naturels de Rotouma diffère assez essentiellement,
ptiisque le haut du corps est recouvert de dessins
délicats, de traits légers de poissons, ou autres objets, tandis
que celui tpii revêt l’abdomen, le dos et les cuisses, est disposé
par masses confuses et épaisses.
Nous retrouvons dans le paraé, ornement singulier et emblématique
des Taitiens, destiné anciennement aux cérémonies
funèbres, la représentation de ce que portent au cou, comme
un hausse-col, les prêtres des îles Marquises.
Si nous suivons les insulaires de la mer du Sud dans leur vie
domestique, nous verrons pratiquer les mêmes coutumes chez
tous ceux qui vivent entre les tropiques. Tous préparent et font
cuire leurs aliments dans des fours souterrains, à faide de
pierres chaudes ‘ ; ils se servent de feuilles de végétaux pour
leurs besoins divers; ils convertissent le fruit à pain, la chair du
coco, le taro, en bouillies ■. tous boivent le kava ou fava, suc
d’un poivrier qui les enivre et les délecte. Avant l ’arrivée des
' Toutes les îles hautes, peuplées seulement par le rameau océanien, possédaient,
à l’exception de la Nouvelle-Zélande, s’ il faut en croire C o o k , le cochon de race dite
de Siam. Cette circonstance en elle-même est assez caractéristique; et c’est bien g ratuitement
que quelques personnes pensent que cet animal a pu y être porté par les
anciens navigateurs espagnols, qui connaissaient ces îles bien avant l’époque historique
de leur découverte.
Européens dans leurs île s , ces peuples éloignaient de leurs repas
les femmes, qu’ils regardaient comme des êtres impurs,
susceptibles de souiller leurs aliments. Chacun connaît, par les
voyageurs, l’état de gêne, le tabou, que les Océaniens s’étaient
imposé : et cette prohibition que M. de Chamisso a découverte
dans les lois de Moïse ne doit-elle pas provenir de la même
source.'*.... Des productions différentes, un climat soumis à des
rigueurs inconnues dans les îles précédentes, ont imposé aux
Nouveaux-Zélandais un nouvel ordre de besoins à satisfaire et
d’industrie à employer. Ainsi, on retrouve encore la cuisson,
opérée le plus souvent avec des pierres chaudes. Seulement, ils
ont appris à faire des provisions d’hiver pour la saison rigoureuse
, féconde en tempêtes ; et ils ont panifié la racine de fougère
, et desséché le poisson à la fumée.
Dans la construction de leurs demeures, les Océaniens ont,
en général, apporté les modifications nécessitées jiar les régions
dans lesquelles ils vivent. Vastes, spacieuses, logeant plusieurs
familles, sans parois closes, telles sont les maisons des insulaires
des iles de la Société, de Tonga, de Mangia, des Marquises, de
Rotouma ; toutes sont sur un modèle à peu près identique. Mais,
obligés de vivre sur des îles dont les hivers sont intenses et prolongés,
que battent des vents tempétueux, les Nouveaux-Zélandais,
sans cesse en guerre de tribu à tribu, se sont retirés
sur des pitons, sur des crêtes aiguës, inabordables ; ont palis-
sadé leurs hippahs, et ont construit ras de terre leurs cabanes
étroites, dans lesquelles ils n’entrent qu’en rampant, et où deux
ou trois personnes au plus peuvent sc retirer. Ces demeures
n’ont guère plus d’un mètre au-dessus du sol; et les coups de
vent qui régnent fréquemment dans ces parages respectent
ces singuliers ajoupas, plutôt faits pour servir de retraite à des
animaux que pour être l’habitation de l’homme. Chez tous ces
peuples, soit de race hindoue océanienne, ou mongole, nous