du Samorin de Calicut, lorsqu’il présenta du betel à Gama; cérémonial
qui s’observe encore présentement dans toutes les
réceptions d’apparat des sultans et des radjahs. Le betel était
autrefois, comme de nos jou rs , l’interprète des sentiments d’amour
; et c’est par l’offre du Siri qu’une femme malaise décèle
ses secrètes pensées à celui qui en est l’objet. L usage du betel,
au reste, n’a pu naître que sous l’Équateur et sur les îles d Asie,
là où croissent en abondance et le pinang ( areca) et le poivre,
qui, unis à la chaux et souvent au cachou, en fournissent les
pi-incipaux ingrédients.
En dernière analyse, il est bien reconnu aujourd’hui par tous
ceux qui ont le plus étudié fhistoire des Malais que le rameau
qu’ils forment tire son origine de la race répandue dans 1 Inde,
et qu’il est limité entre les 92“ et i 32' méridiens; que le point
le plus éloigné où ils se soient avancés à l’Ouest sont les côtes
de Madagascar, où ils se mélangèrent aux Maures, qui y abordaient
par le Nord, en refoulant au Sud les Nègres Vimimbers,
maintenant disséminés, et probablement les premiers habitants
de cette ile immense ; qu’ainsi, ils formèrent les populations ri-
veraines de toutes les iles des archipels de la Polynésie, telles
que celles de la Sonde et des Moluques; qu’ils se propagèrent
sur une ou plusieurs des Philippines; et qu’enfin quelques essaims
aventurés s’avancèrent jusque sur les iles des Papous et
au Nord de la Nouvelle-Guinée, où ils fondèrent quelques vil-
lao-es, et s’y arrogèrent l’autorité. On trouve, en effet, des
Malais à Waigiou, aux iles d’Arou et dans le détroit de Dampier ;
mais ils ne dépassèrent point le i Sa' méridien, ou, s’ils le firent,
ce ne fut qu’accidentellement et sans projets.
La conformation physique du rameau malais est aussi caractérisée
que l’ensemble de leurs coutumes, de leurs moeurs et de
leurs institutions. En général, les hommes de cette race sont
remarquables par la médiocrité de leur taille et par la couleur
jaune cuivrée, mélangée d’une partie d’orangé, de leur peau‘ .Les
femmes surtout ont des proportions peu développées ; et dans
plusieurs de nos relâches, soit à Amboine, Bourou, Java, Ma-
dura, et autres lieux, nous ne vîmes que peu d’exceptions â ce
fait. La taille commune des hommes est, au plus, de cinq pieds
quatre ou cinq pouces ; mais il n’est pas rare d’en rencontrer
qui aient davantage, et dont les proportions soient robustes.
Les Malais sont, eu général, bien faits, et leur système musculaire
est dessiné avec vigueur. Les femmes ont des formes arrondies
et courtes, des mamelles volumineuses, une chevelure
rude et très-noire, une bouche très-ouverte, des dents qui seraient
très-belles si elles n’étaient pas noircies et corrodées jiar
le betel. Le caractère des deux sexes est inflammable, irascible,
porté à la vengeance et à l’artifice, bas et rampant sous le joug
du plus fort, barbare et sans pitié pour leurs ennemis ou leurs
esclaves.
Nous ue nous occuperons pas de la langue malaise, et des
divers rapprochements qu’il serait possible d’y trouver. L ’ouvrage
de M. Marsden ue laisse rien à désirer, et prouve que,
malgré ses divers idiomes, elle est parlée partout avec de très-
légères modifications locales. Douce, harmonieuse, et simple
dans ses règles, la langue malaise est pleine de tournures orientales
, et emploie souvent le style figuré. En recevant la religion
des Arabes et leurs sciences, les Malais adoptèrent les caractères
de leur alphabet et l’usage d’écrire de droite à gauche ; tandis
que les habitants de Sumatra , les Javanais, et plusieurs autres
peuples indiens, écrivent, comme les Européens, de gauche à
droite.
‘ M. Bory de S.'ûiit-Vincent dit que les membranes muqueuses des Malais ont une
couleur fortement violette. Ce fait intéressant, que nous avons négligé de vérifier,
mérite bien de fixer l’attention des voyageurs futurs.
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