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 l’usage  des  voiles  et  des  mâts.  Mais,  à  part cette  exception  
 remarcyuable,  les pirogues,  toujours  à  un  seul  balancier,  
 sont  faites  avec  ce  soin,  ce  fini,  qui rendent  leurs  formes  aussi  
 gracieuses que leur coupe est svelte. Elles sont peintes en ronge,  
 frottées  avec  (yuelques  substances  qui  leur  donnent  l’aspect  
 d’un  ouvrage vernissé; et, par  cela déjà,  on peut remonter aisément  
 il  la  source  d’un  art  qui  est  encore  poussé  au  plus  haut  
 degré  de  perfection  chez  les  Mongols  des mers  de  Chine.  La  
 marche  des  pros des Carolins  est remarquable,  quoiqu’elle  soit  
 loin  de  légitimer  ce qu’en ont dit  quelques navigateurs,  et  surtout  
 Anson  :  elle  est  de  cinq  à  six  noeuds  au  yilus.  Mais  avec  
 quelle  adresse  on  fait  changer  indistinctement  à  ces  pirogues  
 lavant  en  arrière,  par  un  simple  renversement  de  la  voile!  et  
 ces  fragiles  embarcations  conservent  toutes  un  genre  de  construction  
 qui ne varie point dans  aucune île,  et  que nous eûmes  
 occasion  de  voir  sur  la  yilupart  de  ces  longues  chaînes  d’archipels. 
  Cependant,  à mesure  qu’on  avance  dans  l’Est,  la  pénurie  
 des matériaux  se  fait  remarquer; et déjà  les pros sont moins  
 soignés,  et se ressentent du manque de bois, dont ces îles  à  fleur  
 d’eau  sont  [irivées.  Toutefois,  le même  esprit  a  présidé  à  leur  
 lorme  générale;.et tels  s’offrirent à nous  ceux  des  archipels Gilbert  
 et Mulgrave. Les pros des Mariannais ne différaient point de  
 ceux  que  nous  décrivons  ici ;  et  ce  n’est  ((u’après  la  sanglante  
 conquête  de  leurs îles  par les Espagnols',  cyu’ils négligèrent  leur  
 architecture maritime '. Mais tel est  le  goût du rameau mongol-  
 pélagien  pour  la  navigation,  qu e ,  si  chez  les  Océaniens  un  
 chef est  renommé  par  son  courage  ou  par son  habileté  (;omme 
 ‘  On  a  long-temps  adopté  sans  examen  l’idée  ridicule  que  les missionnaires  avaient  
 émise,  que  les  Mariannais  ne  connaissaient  point  le  fe u ,  et  qu’ils  le  prenaient  pour  
 un  animal  qui  mordait  ceox  qui  l’approchaient  d e fro p   près. 
 guerrier,  chez  les  Carolins,  il  n’a  de  réputation  qu’autant  (pi’il  
 est  le plus  habile  pilote,  et  qu il  connaît  le mieux  le  cours  des  
 astres,  les  phases  des  saisons  et  les vents régnants.  Enfin,  peu  
 d’msulaires  font  de plus  longs  trajets,  dans  de  frêles  pirogues,  
 que  ceux  qui  nous  occupent.  Leurs  voyages  annuels à  IVaghal  
 (Guam),  pour  y   chercher  du  loulou  f e v ) ,   n’en  fourniraient  
 encore qu’une  preuve  secondaire, siM. de Chamisso, en traçant  
 les  aventures  du  Carolin Kadu, ne  nous  en  donnait  uu  témoignage  
 devenu  historique.  En  remontant  à  des  considérations  
 plus  élevées,  nous  trouvons  chez  ce  peuple,  comme  chez  les  
 Océaniens,  une noblesse  héréditaire,  des  classes  moyennes,  et  
 des  serfs  avdis.  Fière de  ces  prérogatives,  la  classe  privilégiée,  
 soit  qu’elle  se  nomme  Urosse,  Tamole,  Rupack,  etc.,  tient  
 dans  une  soumission  servile  le  peuple  qu’elle  regarde  comme  
 façonné  pour  lui obéir  ;  elle  possède  seule  les  terres,  et même  
 les  individus;  ct,  quoique  n’ayant  aucune  marque  distijictive,  
 elle jouit  dune  autorité d’autant  plus  forte, que  la  basse  classe  
 se  croit  seulement  faite  pour  obéir  à  ses  volontés. 
 Leur  croyance  religieuse,  peu  comme,  semble  n’avoir  de  
 culte pour  aucun  objet  extérieur  '.  Point  de  cabane  servant  de  
 temple, point d’idoles! Que de traits propres à isoler ces peuples !  
 Mais,  de  même  que  les Océaniens,  ils possèdent  le  dogrnc  consolant  
 d’une  autre  vie;  et  si  les premiers  placent  les  déjiouilles  
 de  leurs  proches  sur les moraîs,  les  Carolins,  en  général,  leur  
 élèvent des  abris  de  chaume  au milieu  des  bois  ou  des  plantations  
 de  cannes  à  sucre.  Ce n’est pas  sans  étonnement qu’on  ne  
 voit,  chez  ces  peuples,  nulle  trace  extérieure de  l’idolâtrie,  qui  
 règne  chez tous les  autres rameaux  épars dans  les mers du Sud. 
 «  Au  reste,  les Mariannais  ne  reconnaissent  aucune  divinité;  et  avant  qu’qn  leur  
 « eut  prêché  l’É v an g ile, ils  n’avaient  pas  la moindre  idée  de  religion ;  ils  étaient  sans  
 «  temples,  sans  autels,  etc.  »  { L e   Gob ien,  p.  64.  ) 
 Foyoge  de  la  Coquille. —  Z.  Tom.  !.  I I