voyous des maisons communales, destinées aux assemblées publiques
ou aux réceptions d’apparat. Partout ou remarque
l’usage de traiter les affaires avec recueillement et dans la position
assise, et les personnes les plus élevées en dignité se couchant
seules sur des nattes. Dans la plupart de ces îles, les réceptions
amicales sont pratiquées à la suite d’un long discours,
et en présentant une feuille de bananier ou un rameau.
Disséminés sur des îles qui fournissent une nouri’iture abondante
et facile, les Océaniens de la Zone équatoriale se livrent
peu à la pèche, tandis que les Zélandais lui empruntent leurs
ressources pendant l’hiver ; aussi, ces derniers y sont-ils habiles,
et ils ont su faire, avec le phormium, d’immenses filets, absolument
semblables à ceux qu’on fabrique en Europe sous le nom
de sennes. A T a ïti, aux Sandwich, et ailleurs, les cordes sont
faites de faou, de fara ( pandanus ) , ou de pouraou ( hibiscus
tiliaceus) ; et nous retrouvons aux iles de la Société ce que le
général Rrusenstern avait remarqué à Noukahiva, l’usage de
prendre le poisson en jetant sur la mer la semence soporifère
du taonou ( calophyllum inophyllum).
Les pirogues ont été , jusqu’à ces derniers temjis, l’objet sur
lequel les insuhiires déployaient toutes les ressources de leur
industrie. Chez cette race, la forme universellement adoptée est
caractéristique. Les pirogues simples, creusées dans un tronc
d’arbre, peuvent se reproduire ailleurs; mais il n’en est pas de
même des pirogues doubles ou accolées deux à deux, qu’on ne
rencontre nulle part, chez des peuples d’une descendance étrangère
aux Océaniens ‘ . Nous vîmes à Taïti des pirogues doubles
qui arrivaient des iles Pomotou : c’étaient devrais petits navires,
' Si l’on s’en rapporte à M a r c o -P o lo , les anciennes pirogues de l’Inde étaient
doubles (pag . i 8 i ) : E l le sunt cUtuée en te l m a in e r e , car toutes sunt dob les :
e lle n e sunt p a s empecé d e p é c e , p o r ce q e i l n ’en ont.
propres à faire de longues traversées, et capables de contenir
des vivres, en proportion déterminée, pour l ’équipage, qui est
logé dans une banne en bois, solidement tissée et disposée sur
le tillac. La coque de chacune des deux pirogues est calfatée
avec soin, enduite de mastic; et de forts madriers, solidement
liés, les unissent. Leur gouvernail est remarquable par un mécanisme
ingénieux, que nous ne pouvons point indiqtier ici.
Ces ¡drogues étaient anciennement, chez les Taïticns, décorées
de sculptures, qu’on retrouve encore aujourd’hui sur
les embarcations sveltes des Nouveaux-Zélandais. Ces reliefs,
débris des arts traditiomiels que ces ¡leuples ont conservés, et
dont le fini étonne lorsqu’on examine ^im¡)erfection des instruments
qu’ils employaient, sont toujours ideutic|ues par leurs
représentations. Ils les négligent de¡mis que les Européens leur
ont porté le fer : les idées nouvelles qu’ils ont reçues feront
bientôt dis¡)araitre les traces de ces ingénieux travaux, (¡ui s’effaceront
avec le sens mythologique qu’ou y attachait, et que
remplace déjà,, chez plusieurs, une imitation plus ou moins
grossière de nos arts et de nos procédés. Les pirogues doubles
sont usitées à Taïti, et dans les archipels voisins, aux Sandwich,
aux iles Marquises, et jusqu’cà Rotouma. Nous ne les avons ¡)as
vues a la Nouvelle-Zélande ; mais la nature des baies nécessite
des embarcations plus maniables. On nous assura, (^¡(endant,
et quelques navigateurs, Cook notamment (p, 283, i “ voyage),
affirment que ces insulaires s’en sont parfois servis. Toutes
les pirogues zélandaises ont leur avant surmonté cf une tète hideuse,
tirant la langue, ce qui est chez eux le signe de guerre el
de gloire ; et l’arrière est terminé par uue ¡lièce sculptée, haute
de quatre pieds, présentant un dieu et des cercles sans fin , dont
la signification est entièrement symbolique.
Adonnés à la guerre, comme toutes les tribus dont les droits
•se trouvent renfermés dans la force, la ruse, ou la trahison,
T'oyagc de la Coquille. — Z. Tom. / . Ü