navigables. C’est principalement à Céram, à Bourou, qu’on peut
observer l’isolement dans lequel vivent réciproquement les Malais
et les naturels de l’intérieur, ou les Aljourous. Ceux-ci conservent
intacte et pure la langue et les usages qui leur furent
transmis par leurs pères. Leur existence se borne au cercle
étroit d’un petit nombre d’idées qui leur suffisent; et leurs
moeurs se ressentent naturellement de cet isolement, et conservent
cette férocité de l’homme grossier primitif.
Dans les îles soumises aux Européens, on conçoit que les
Malais ont subi des modifications, et qu’ils ont pris, par leurs
rapports continuels avec divers peuples, et surtout avec les
émigrations chinoises, des habitudes qui ne leur étaient point
naturelles. Elles sont en petit nombre toutefois; mais le type
malais dans toute sa pureté se retrouve dans les Iles où il a
conservé son indépendance, telles que Guebé, Oby, Gilolo ou
Halamahira, Flores, Lombok, Bali, etc. Cependant, quoique le
Javanais soit la branche la plus distincte du Malais, on ne peut
se dispenser de recounaitre quelques nuances entre XAmboinais
naturel, le Timorien, le Macassar et le Budgis; mais toujours
est-il vrai de dire que ces caractères sont peu saillants, et ne
dérangent aucun trait de l’cusemble typique.
Les Malais, dans tous leurs gouvernements, ont consacré la
forme despotique des Indiens. La personne de leurs sultans ou
de leurs Radjahs est sacrée; et la vénération la plus profonde,
ou une humilité servile, leur prodigue des hommages qui tiennent
aux coutumes d’Orient. La perfidie la plus noire, la duplicité,
une soif ardente de vengeance, qui naît avec d’autant
plus de violence sous des lois oppressives, qu’elle est plus concentrée,
caractérisent ces peuples ; la mauvaise foi malaise est
aussi célèbre cpte le fut jadis celle des Carthaginois, et nos relations
sont remplies d’actes d’assassinats et de trahisons des
Malais, c(ui ont toujours exercé la piraterie avec un goût décidé.
Fanatisés par la religion mahométane, dont ils reçurent
les dogmes, tout en conservant un très-grand nombre de cérémonies
hindoues, ces peuples ont surtout adopté la polygamie,
et les préceptes les |)lus vulgaires du Coran, sans être cependant
très-rigoristes sur leur exacte observance. En suivant les diverses
familles éparses de ce rameau, les usages ne présentent, en
effet, que très-peu de différences ; et si nous examinons leur
manière de s’habiller, nous verrons partout les chefs richement
vêtus à l’orientale, tandis que les gens du peuple né voilent
une comjtlète nudité que par quelque légère portion d’étoffe.
Le turban, le sarong, ou une large pagne, composent en grande
partie tout l’habillement d’un Orang ca ja , ou d’un homme
de la classe fortunée.
Les Malais sont adonnés à la sensualité, et leur jalousie est
extrême. Ils ont le coeur avili et corrompu ; et les débauches
auxquelles ils se livrent sont inouïes, au dire de tous ceux qui
ont été à même d’en dévoiler les turpitudes ; et, sous ce rapport,
les Chinois et les Japonais sont leurs seuls rivaux. C’est chez,
eux que les analeptiques de toutes les sortes jouissent d'une
vogue générale, et que se consomment surtout l’opium, les tré-
pangs et les nids d’oiseaux. Un usage qui parait leur être propre
est celui de mâcher le betel. Ce sialogue bien connu, et qu’il
serait inutile de décrire, leur jirocurc des sensations agréables;
et ce mélange est un besoin très-vif pour les deux sexes, qui
l’ont constamment à la bouche. On retrouve, cependant, l’habitude
de se servir de cet excitant des membranes buccales chez,
les peujùes de race noire de la Nouvelle-Guinée et de laNou-
velle-Irlande ; mais nul doute qu’elle ne provienne de communications
entre les peuplades les plus voisines et de proche en
|)roche. En remontant à la source de cette coutume, on la voit
naître dans l’Inde et se jiropager eu Cochinchine. Le Camoèns,
daus une note de la Lusiade, a décrit le cérémonial suivi à la cour
Foyagc r/e la Coquille. — Z. Tom. /. Q