Sur toutes les iles du Grand-Océan, nous trouYames les mêmes
productions végétales, et le plus souvent les mêmes noms pour
les désigner. C’est ainsi que les vallons si pittoresques, mais à
à la longue si monotones, des Sandwich, et de la reine de la
mer du Sud, Taiti, si éloignés, produisent abondamment le
taro (arum esculentiim), l’igname ( Dioscoreajflsi pomme de
Cythère ( spondias dulcis) , etc., etc. Les Taitiens mangeaient,
dans les temps de disette, la moelle d’une fougère en arbre,
comme les Nègres le pratiquent, à Maurice et à Madagascar,
])our le cambare marron; et toutes les deux appartiennent au
genre cyathea. Le pya est la racine du tacca pinnatifida, (|ui
croit dans toutes les Moluques, à la terre des Papous et à la Nouvelle
Irlande. La noix ÿ a h ï ( inocarpus edulis) se rencontre depuis
les îles de la Sonde, où les Hollandais nomment l’arbre gatip-
boom, jus(|u’aux îles les plus orientales de la mer du Sud. Il en
est de même du terminalia, du morinda citrifolia, du curcuma,
et d’une foule d’autres végétaux dont il serait assez fastidieux
de présenter ici la liste.
Placées hors du Tropique, les vastes iles de la Nouvelle-Zélande
, dont l’intérieur est encore à connaître, n’ont pu fournir
à la race c[ui les habite les mêmes ressources, et la nécessité- la
contraignit de se plier à la pauvreté du sol sur lequel elle devait
v ivre, et de tirer sa principale ressource alimentaire de la racine
sèche et ligneuse de la fougère ( acrostichum furcatum, Forster),
(|ui couvre le [lays : mais ce qui rend cette fougère très-digne
d’attention, c’est que les peujplcs noirs de la Nouvelle-Galles
du Sud s’en nourrissent habituellement, et la nomment din-
goua.
L ’île de Pâques, également hors des limites du Tropique du
Capricorne, ne présente qu’un nombre très-restreint de végétaux;
ceux (|n’on rencontre sur cette terre brûlée appartiennent
encore cependant aux plantes indiennes ; tels sont entre autres
Xhibiscus popidnéus, des mimosa, un solanum que Forster iils
indique aussi à Taiti, etc., etc.
La zoologie des iles Malaisiennes, aussi riche que variée par
les nombreuses espèces qui leur sont propres, semble attester
que cette portion centrale de l’Asie orientale a fait partie d’un
continent, puisque ces îles sont peuplées de grands quadrupèdes
vivants, qui sont communs à plusieurs d’entre elles. D ’ailleurs
les canaux qui les séparent sont peu profonds, et ils sont encombrés
de bancs, qui semblent complètement légitimer cette
idée. Mais, toutefois, chaque île de ces grandes terres équatoriales
de l’archipel des Indes recèle quelques esjtèces <[ui y seraient
aujourd’hui isolées, et plusieurs ont fourni la singularité de
reproduire des individus de genres qu’on avait jusqu’à ce jour
regardés comme essentiellement propres au Nouveau-Monde ;
tels sont, dans deux branches différentes, un tapir, des courou-
cous, et le rupicole vert. Tont ce que nous savons de l’histoire
naturelle de ces contrées fécondes est d’un haut intérêt ; et
malgré les recherches infatigables de sir Stamford Raj(fles,
(SHorsfield, de Diard, de Duvaucel, de LeschenauU, de Kuhl,
de F'in-Hasselt, et de Reinwardt, elles fourniront long-temps
encore d’abondantes moissons en objets curieux et remarquables;
mais leur climat a déjà dévoré plusieurs naturalistes européens,
et la barbarie profonde des habitants de l’intéricur
opposera long-temps une barrière insurmontable aux tentatives
de ceux qui voudraient essayer de nous en faire connaître les
merveilleuses productions. C’est dans les mers de ces archipels
que se trouve aujourd’hui le dugong ( halicore indiens, Desm.
mamm., y5i esp. ), qu’on a cru si long-temps fabuleux, figuré
par Renard ‘, mais complètement décrit par les naturalistes
Renard, pl. 3 4 , fig. i 80. (Po is son s des In d e s , i vol. in - fo l, Amsterd., 17 5 4 .)
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