« surprenante, et la propreté de ces petits vaisseaux ne déplairait
« pas en Europe. Ils les calfatent avec une espèce de bitume et de
« la chaux, qu’ils détrempent dans de l’huile de coco, e tc ., etc. »
Cette esquisse rapide est entièrement celle que nous pourrions
tracer des naturels de Oualan, placé au milieu des Carolines,
où nous avons séjourné; et la plupart des observations
puisées dans cette île coïncident d’une manière étonnante avec
celles que nous possédons sur les Carolins occidentaux ou les
habitants de Pelew, d’après Wilson. M. de Chamisso, à ce sujet,
s’exprime ainsi : «Le peuple des Mariannes, suivant le Frère
« Juan de la Concepcion, ressemble aux Bisayas aussi bien par
« la physionomie que par le langage, ct n’en diffère que par
« des nuances diverses. » En pai'lant des peuples qui habitent
ce que ce savant voyageur a désigné par sa première province,
M. de Chamisso nous fournit une excellente peinture du groupe
entier des Carolines; et nous ne concevons pas comment il se
fait qu’il ait pu, au milieu des traits de rapport et d’analogie
qu’il reconnaît dans cette famille, ne pas distinguer combien
elle s’éloigne des insulaires de l’Océanie proprement dite. « Nous
« pensons, disait-il, que ses dialectes sont moins simples que
«ceux de la Polynésie orientale; et nous trouvons dans leurs
«habitants un ensemble de nations, qui sont diversement liées
« par les mêmes arts et par les mêmes manières, par une grande
« habileté dans la navigation et dans le commerce. Ils forment
« des populations paisibles et douces, n’adoraiit aucune idole,
« vivant sans posséder d’animaux domestiijues, des bienfaits de
«la terre, et seulement offrant à d’invisibles dieux les prémices
« des fruits dont ils se nourrissent. Ils construisent les pirogues
« les plus ingénieuses, et font des voyages lointains à l’aide de
. leurs grandes connaissances des moussons, des courants et des
« étoiles. Mais, malgré les rapports frappants de ces diverses
«tribus, elles parlent plusieurs langues. » Ce premier examen
nous démontre donc une ressemblance incontestable de ces insulaires
entre eux ; il ne nous reste plus qu’à en résumer les
caractères généraux.
La physionomie des Carolins, qui composent notre rameau
mongo-lpélagien, est agréable ; la taille des individus est communément
moyenne; leurs formes sont bien faites et arrondies,mais
petites; quelques chefs seuls nous ont paru d’une stature élevée.
Leur chevelureest très-noire, la barbe ordinairement grêle et rare,
quoique, cependant, divers naturels nous l’aient montrée épaisse,
rude et touffue. Le front est étroit, les yeux sont manifestement
obliques, et les dents très-belles; ils ont une certaine gravité
dans le caractère, au milieu même de la gaîté des jeunes gens.
Leur peau jaune-citron est plus brune lorsqu’ils vivent sur les
récifs non boisés, et beaucoup plus claire chez les chefs. Les
femmes sont assez blanches, ont des formes potelées, et généralement
grasses; le visage est élargi transversalement, le nez
un peu épaté. Leur taille est courte, et les filles nubiles l’ont
souvent très-bien faite.
De même que tous les insulaires qui vivent sur les terres
placées entre les tropiques, les Mongols-Pélagiens ne portent
pour tout vêtement qu’une étroite bande d’étoffe, qui leur ceint
le corps; ou, parfois ds jettent sur les épaules deux morceaux
de nattes tissées, cousues aux deux bouts, mais non au milieu
où ils passent la téte ; ce qui constitue le véritable poncho des
Araucanos; et nous dirons en passant, d’ailleurs, que d’autres
traits de ressemblance ont même fait présumer à quelques auteurs
que les peuples du Chili, dont nous itarlons, dérivaient
de la même somce. On sait, du reste, que plusieurs savants
s accordent à dire que des Mongols ont également peuplé une
grande portion de l’Amérique '. Quoi qu’il eu soit, une autre
H faut avouer q u e , parmi toutes les opinions émises sur les migrations des Monj