existé parmi les Carolins. Aussi M. de Chamisso ( Voy. de Kot-
zebue, t. III, p. igo ) pense que des Papous des contrées placées
au Sud ont abordé sur ces îles, s’y sont mélangés, et que des
Européens, tels que Martin-Lopez et ses compagnons, ont bien
pu les fréquenter souvent dans le cours de leur navigation.
Enfin, ce savant ajoute ; La race de ces insulaires est la même
que celle qui peuple toutes les îles du Grand-Océan ; manière de
voir en opposition directe avec fopinion que nous cherchons à
faire prévaloir dans cet aperçu, mais qui nous démontre, d’un
autre côté, qu’il ne voyait, parmi les habitants de toutes les
Carolines, aucune différence, et qu’il trouvait daus la généralité
de leurs habitudes physiques et morales la plus grande analogie.
On peut reconnaître, dans la manière dont les iles Carolines
ont été peuplées, deux migrations qui ont eu lieu <à des temps
divers et séparés. D’abord, les terres hautes reçurent des colonies
qui ne s’étendirent que successivement et plus tard sur
les terres basses. Ces colonies sont certainement venues des côtes
du Japon ou des archipels chinois ; car les vents y poussent fréquemment
des navigateurs de ces mers ; et dès 1648, pendant
le séjour des premiers missionnaires espagnols à Guam, un
Chinois, nommé Choco, s’y fixa, après y avoir été jeté par un
naufrage. Les moussons régulières d’ailleurs, et les typhons des
mers placées à l’Occident, enlèvent souvent des insulaires des
archipels de l’Ouest, et les transportent sur les côtes des îles qui
sont placées à l’extrémité orientale du système entier de ces
terres. De la nécessité de vivre sur des ¡les basses et comme
noyées, il résulte que les habitudes des Carolins ont été entièrement
dirigées vers la navigation : aussi ces peuples y sont-ils
habiles, et c’est avec le plus grand art qu’ils manoeuvrent leurs
pros élégants et légers ; qu’ils se dirigent à l’aide des astres et de
la boussole. Mais, quoique leurs connaissances pratiques soient
très-étendues,.beaucoup de ces insulaires, surpris par les ouragans
qui régnent <à certaine époque de l'année, périssent dans
leurs voyages, ou voguent au hasard, jusqu’à ce que leurs provisions
soient épuisées, ou qu’ils trouvent un refuge sur quelques
plateaux de récifs, que déjà la végétation a envahis, et
dont ils deviennent alors les premiers colons.
En longeant les chaînes nombreuses des îles Carolines jusqu
aux archipels de Marshall, nous n’aperçûmes que de légères
nuances dans la physionomie générale et les habitudes des insulaires
de chaque groupe d’iles, qui, comjiarés les uns aux autres,
présentaient tous les rapjiorts les plus évidents. Lorsque, dans
notre traversée de la Nouvelle-Zélande à l’équateur, nous eûmes
laissé derrière nous, et par conséquent au Sud, file de Rotouma,
où nous observâmes les derniers Océaniens, nous remontâmes
au Nord , en suivant une ligne oblique sous les 74" et 72' méridiens.
Après avoir atteint les îles du Grand-Cocal et Saint-
Augustin, nous ne cessâmes plus ensuite d’avoir en vue les
cbaines d’îles basses et à jieine élevées au-dessus de la mer, de
Gilbert, de Marshall, de Mulgrave. Chaque jour, nous communiquâmes
avec les naturels qui les habitent, et dont la pauvreté
nous attesta le peu de ressources de ces récifs, et combien l ’industrie
des habitants devait suppléer aux privations diverses
qui tourmentent leur existence.
Le i 5 mai 1824, des pirogues que montaient des naturels de
l’île de Kingsmill, vue en 179g par le Nautilus, vinrent communiquer
avec la corvette la Coquille. Ces hommes étaient
d une taille assez élevée, quoique ayant des membres grêles; la
couleur de leur peau était d’un jaune cuivré, assez foncé, et
différait, par cette teinte, du jaune-clair des Carolins de fOuest.
Leurs pirogues étaient faites sur le même modèle que les pros ;
mais le manque de bois de certaine dimension avait nui à leur
exécution. Ces insulaires portaient un poncho, fabriqué avec