aux iles des Amis. Les Océaniens ont tous le goût des frictions
huileuses, dont ils s’oignent le corps et les cheveux : ceux des
tropiques emiiloient l'huile de coco; ceux placés hors de cette
limite se servent d’huile de phoque ou de poisson. Une remarque
assez intéressante est relative à cette habitude des femmes des
Sandwich et de Rotouma de se poudrer les cheveux avec de la
chaux de corail ; et on ne trouve l’usage de se barioler le corps
de poudre jaune de Curcuma, ou de se couvrir la téte ou la
figure de poussière d’ocre, qu’aux Fidjis, à Rotouma et à la Nouvelle
Zélande. Dans cette dernière ile, l’un de nous a vu pra-
ticjuer un embellissement dont on ne retrouve des traces que
chez des peuplades éparses au Nord de l’Asie et de l’Amérique,
et qui consiste à s’appliquer sur le visage de larges mouches
noires ou bleu de ciel. Comme l’usage de ces fards semble être
un apanage exclusif du rameau nègre, il est intéressant d’en
indiquer l’habitude chez cjuelques peuples océaniens.
La coutume de porter la chevelure flottante, ou coupée ras,
est peu caractéristique, et a subi des modifications locales sans
nombre. Les Taitiens ‘ ont leur chevelure rasée; les Mendocius
ue conservent que deux grosses touffes, nouées sur les côtés du
crâne ; les Zélandais, les Rotoumaiens, ainsi que la plus grande
partie des Océaniens, portent cette parure naturelle, tombant
en boucles ondoyantes sur le cou.
Un genre d’ornement généralement pratiqué par tous les
insulaires de la mer du Sud, quel que soit leur rameau, ou océanien
ou mongol, est le tatouage. Ces dessins, que l’art grave
sur la peau d’une manière indélébile, et qui la revêtent et voilent
en quelque sorte sa nudité, paraissent étrangers à la race nègre,
qui ne les pratique que rarement, toujours d'une manière im-
’ Le nom de Taïtien, pour nous, est collectif, et comprend les insulaires de T ah a ,
Raïatea, Borabora, Eymeo, Maupity, etc.-, etc.
parfaite et grossière, et qui les remplace par les tubercules douloureux
et de forme conique que des incisions y font élever.
Cette opération, dont le nom varie, toutefois, chez les divers
insulaires des grands archipels ‘ , ne peut ici nous occuper sous
le rapport du sens qu’on y attache, soit pour la désignation des
classes ou des rangs, soit comme ornement de fantaisie ou hié-
roglyphique. Cependant, le soin et la fidélité que les divers insulaires
apportent â reproduire ces dessins doivent nous jiorter
â penser que des motifs qui nous sont inconnus, ou des idées
dont la tradition s’est effacée, y attachaient un sens. L ’analogie
du tatouage, d’ailleurs, mérite que nous l’examinions chez ¡plusieurs
des peuplades que sépare aujourd’hui l’e.space des mers.
Les insulaires des Pomotous se couvrent le corps de figures
tatouées; et déjà leurs voisins, les Taitiens, eu ont beaucoup
moins, et surtout n’en placent jamais sur le visage, et se bornent,
avec ceux de Tonga, à y dessiner quelques traits légers, tels que
des cercles ou des étoiles ; mais plusieurs des naturels des Sandwich
“ et la masse des peuples zélandais et mendocius ^ ont le
visage entièrement recouvert de traits, toujours disposés d’après
des principes reçus et significatifs. On conçoit que leur aspect
doit en acquérir uu caractère de férocité remarquable, et que
cet usage, né du désir d’inspirer une jïlus grande terreur à l’ennemi,
ou de blasouner des titres de gloire, s’est conservé, ¡par
' T a tou , Taïtl ; M ok o , Nouvelle-Zélande ; Cha che , Rotouma. Rrusenstcrn dit des
insulaires de Noukahiva ; « l-es principaux chefs sont tatoués de la tête aux pieds, et
«surtout les grands-prêtres. Ils se tatouent le visage et les yeux.» Suivant R in g :
« Cette coutume se retrouve aux Sandwich. Les femmes ne sont tatouées qu’aux
« pieds, aux maius, aux lèvres et aux lobes des oreilles. »
” R IN G ( 3' voyage de Cook ).
^ R RU SEN STER N ( t . I , p . r64 ) observa à yYoM/faAfeiZ que les femmes u’avaient
de tatouage que sur les pieds et les mains, comme les g ants courts q u e nos dames
portaient autrefois , dit-il. A T a ï t i, les femmes des classes supérieures suivent encore
le même usage.