et disposées très-ingénieusement. Mais un goût commun à tous
les peuples de race noire, est celui de se couvrir les épaules el
la poitrine d'incisions, élevées et mamelonnées, disposées eii
lignes courbes ou droites, mais toujours régulières; et cette
mode, ([ui sert à distinguer les diverses tribus nègres de l’intérieur
de l’Afrique, est pratiquée par presque tous les habitants
de Madagascar, et par tous les naturels de couleur noire répandus
dans l’Ouest de la mer du Sud, et aussi bien stir la terre de
Diémen que sur l’Australie.
La chevelure de ces peuples est, en général, très-frisée, très-
fine, résistante, et en même temps très-épaisse. Quelques familles
de la Nouvelle-Guinée, de Waigiou, de Bouka, lui donnent
la forme ébouriffée et singulière, qu’on a même regardée comme
un caractère des Papous; mais d’autres tribus, telles que celles
de Rony, à la Nouvelle-Guinée, de la Nouvelle-Bretagne et de
la Nouvelle-Irlande, la laissent tomber sur les épaules en mèches
cordonnées et flottantes. Les Papouas aiment à se couvrir la téte
de poussière d’ocre, unie à de la graisse, et rougir ainsi leur chevelure
et leur visage, et se faire sur la poitrine ou sur la face
des bandes diverses avec de la chaux de corail. C est plus particulièrement
auPort-Praslin,à la Louisiade, qu’on retrouve cette
singulière mode, qui règne sans partage chez les habitants de
la Nouvelle-Galles du Sud. Ces peuples emploient peu le tatouage,
qu’ils nomment panaja à la Nouvelle-Guinée; et, opposés
en cela aux Océaniens, ils se bornent à tracer quekjucs
lignes éparses sur les bras ou à f angle des lèvres de leurs femmes,
comme une martjue particulière. Us aiment tous les ornements
de quelcpie nature qu’ils soient. Nulle jiart nous ne rencontrâmes
en plus grande abondance des colifichets de jilunies,
d’écailles ou de nacres , destinés â être placés sur la tête , à la
ceinture ou sur les armes. Mais partout nous observâmes l’usage,
exclusif il cette race, de |iorter des bracelets dune blancheur
éblouissante, faits avec beaucoup d’art, très-polis, et qu’ils façonnent
probablement avec la grosse extrémité des énormes
cônes qui vivent dans les mers environnantes ; tous les navigateurs
en ont parlé. Bougainville dit, en mentionnant cet ohjel
chez les naturels des grandes Cyclades : « Ils se jierccnt les na-
« rines pour y pendre quelques ornements Ils portent aussi au
«bras, en forme de bracelets, une dent de Bahiroussa, ou un
« grand anneau d’une matière que je crois de l’ivoire » Un tel
usage est par lui-même car-actéristique ; mais ce qu’il offre de
])lus remarquable encore est l’analogie qu’il présente avee les
coutumes des Egyptiens. Les recherches modernes nous ont, en
effet, indiqué la présence d’un ornement de forme exactement
semblable sur un grand nombre de momies.
L’usage de mâcher le betel avec l’arec et la chaux, propre au
rameau malais, a été porté chez les Papouas par ce peuple sans
doute; mais on doit supposer que des communications antérieures
en ont fait naître le besoin chez les habitants de Port-
Praslin, ori nous le trouvâmes très-répandu; à Bouka, où nous
en vîmes des traces ; à l’île de Choiscul et à la Louisiade, où
Bougainville et Labillardière l’observèrent.
Ces derniers peuples et les Papouas de la Nouvelle-Guinée
' Les naturels de Navilii-IjCvou, l’une des Fidjis, ont adopté cette coutume; et,
pour se donner un air plus formidable, ils percent le cartilage du n e z , et ils y passent
des plumes qui retombent sur les lèvres comme d’épaisses moustaches {M a r in e r ,
t. 1, p. 3 3 5 ). Or, nous avons vu une habitude identique chez les Nègres de Port-
Praslin.
“ S ü R V IL L E , sur le Saint-Jean-Baptisíe,me,núonne ces bracelets de celte manière
(Port-Praslin) r « La plupart portent un bracelet au bras, au-dessus du coude, qui peut
« avoir un demi-pouce d’épaisseur sur un pouce de largeur. Il est fa it , autant qu’on
«peut en juger, d’un coquillage dur, opaque, lo u rd , qui est supérieur en blancheur
« à l’ivoire du Sénégal et au marbre de Carrare. » Découvertes d es Français dans
le S.-E . de la N ou v e lle -G u in é e , par Fleurieu, 179 0 , p. 128, in-4°.