
 
		mal  conimcs,  leur  conservèrent,  pour  nous,  une  physionomie  
 commune.  Cook,  Vancouver,  Bougainville, Wallis,  Turn-  
 bull  ,  donnent  la  mesure  du  res]>ect  dont  on  entoure  les  chefs  
 aux  iles  de  la  Société,  des Amis  et  des  Sandwich.  Ils possèdent  
 les  terres  et les  fruits,  ont  des  vassaux, qu’ils nourrissent et  qui  
 composent  leur  cour;  tandis  que  les  toutous,  derniers  débris  
 d’ime  caste  de  parias,  sont  regardés  comme  d’iguobles  serviteurs, 
   ainsi  que  les  esclaves  pris  à  la  guerre.  Les  femmes,  
 (pioique  considérées  comme  des  êtres  d’uu  ordre  inférieur,  
 n’en  jouissent  pas moins  de  beaucoup  de  liberté;  et  bieu  qu’il  
 leur  soit  défendu  de manger  eu  présence  des hommes,  dans  la  
 plu]iart  des  lies,  toujours  est-il  vrai  qu’elles  succèdent  parfois  
 à  leurs  maris,  et  que  les  enfants  héritent  d’une  considération  
 d’autant  plus  grande,  que  le  rang  ou  la  noblesse  du  côté  de  
 la mère  est  plus  jjure  et  plus ancienne.  Telles  sont  les  opinions  
 des Taïtiens, des Tonga , aus.si bien que des Nouvcaux-Zélandais.  
 Une  coutume  indienne,  singulièrement  remarquable ,  nous  
 prouve  la  force  des  traditions,  et  nous  fournit  un  document  
 du  plus graud poids.  Les  exemples de veuves  qui  se  brûlent sur  
 le  bûcher  de  leurs  époux,  pour  ne  point  leur  survivre,  se  reproduisent  
 aux  iles des  Amis  et  aux Fidjis;  et  ici,  nous  ne  pouvons  
 nous  dispenser,  pour  éclairer  ceux qui douteraient d’un  si  
 grand  rapprochement,  de  citer  le  texte  même  de  l ’auteur  qui  
 rapporte  ce  fait,  et  qui  est  d’autant  plus  croyable,  que  longtemps  
 il  séjourna  dans  les  iles Tonga.  Ainsi  s’exprime Mariner  
 (  t.  II, pag.  278 ) ■. « La  cérémonie  des  obsèques  du  toïtonga  ‘  se  
 «nomme  langi  :  ses  veuves  viennent  pleurer  près  de  lui;  et, 
 *  Le  toïtonga  est  le  grand-prètre  des  îles  des  .Amis.  Aux  îles  Marquises,  les  funérailles  
 étaient  également  célébrées  par  la  mort  de  trois  victimes  (  KRUSF.N-  
 S T E RN ,  Voy.  1804 )■  Le  sacrifice  des  veuves  s’exécute  surtout  religieusement  aux  
 Fidjis  (M A R IN - ,  t.  I I ,  pag.  349). 
 «suivant  rancicniie  coutume,  celle  qui  tient  le  principal  rting  
 « [jarmi  elles  doit  être  étranglée.  Son  corjis  est  ensuite  enterré  
 « avec  celui  de  son  époux, et  souvent des enfants sont massacrés  
 «sur  sa  tombe.  »  Ce  dernier  usage  se  retrouve  aussi  bien  aux  
 Tonga, aux Fidjis, qu’aux îles de Rotouma et de la Société; et à la  
 Nouvelle-Zélande, les mânes des chefs sont honorés par des holocaustes  
 sanglants,  et  par  la  mort  de  sept  ou  huit  esclaves,  ou  
 même plus,  immolés  sur  leurs  tombeaux.  L ’histoire  ancienne  
 nous  représente  souvent  les  funérailles  de  ses  héros  célébrées  
 par  le  trépas  des  prisonniers  de  guerre;  et  ce  n’est  jjas  sans  
 quelque  étormeincnt  que  de  telles  coutumes  nous  sont  offertes  
 aujourd’hui  par  des  jjerqdes dans  un  état  de  demi-civilisation,  
 et  qui  les  ont  conservées,  à  travers  un  laps  considérable  de  
 temps,  ])ar la  simple tradition  orale. 
 D é jà ,  l’identité  des  Océaniens  avec  les  Indiens,  leurs  ancêtres, 
   a  été  reconnue  d’abord  par  Forster,  puis  par mi  auteur  
 français,  peu  connu, qui  s’exprime  aiirsi  ;  « Les naturels des  îles  
 « de  la  Société  et des  Amis,  etc.,  ]iar  le  respect  et  les  attentions  
 «qu’ils  conservent  pour  les  corps  des morts,  pendant  un  assez  
 «long  espace de  temps,  peuvent  avoir  reçu,  dans  l’origine,  cet  
 « usage  qui  se  rapproche  beaucoup  de  ceux  des  Égyptiens ;  car  
 « il  est  fort [irobable  (jii’ils  sont  originaires de  la  jiartie méridio-  
 « nalc de  fInde,où  la doctrine  de  la métempsycose  était  établie,  
 «depuis  un  temps  immémorial,  bien  avant  <jue  Pytliagore  en  
 « eût puisé  la  doctrine dans  les  conversations  f[u’il  eut  avec  les  
 «anciens  bracmanes  »  [Hist.  des peuples  sauvages).  Les  divers  
 rites  religieux  des  Océaniens  ont  long-temps  été  un  sujet  de  
 doutes  et d’erreurs pour  ceux qui  cherchaient aies approfondir.  
 Ce  quou  en  savait  était  si  vague,  que, jusqu’à  ce jour,  il n’était  
 pas  possible  d’en présenter une  idée bien nette; et nous sommes.  
 certainement  loin  encore  de  connaître  la  filiation  de  leur  
 croyance  :  il  est  même  [îrohable  (pie  les  fréquentes  commuui