des nattes, et nous avons retrouvé cet ajustement chez les Chiliens
indigènes et chez les Araucanos d’Amérique, comme chez
tous les Carolins indistinctement; sa forme caractéristique se
reproduit dans le tipouta, ou vêtement des chefs des Océaniens.
Les jours suivants, nous communiquâmes avec les iles de
Blaney, Dundas, Hopper, Woodle, H all, M ulgrave, Bonham, et(;.
Leurs habitants nous présentèrent la plus grande ressemblance ;
mais tous paraissaient plongés dans un état de misère que nous
ne vîmes point chez les Carolins orientaux. Leur corps, couvert
de cicatrices, attestait des hostilités fréquentes. Ils parlaient
avec une telle volubilité, que nous ne pûmes saisir aucun mot
de leur langue ; mais, du reste, nous retrouvâmes, dans la forme
de leurs pirogues et dans leur tactique pour les évoluer, dans
les instruments qu’ils nous montrèrent, les mêmes principes et
la plus grande analogie. Plusieurs de ces insulaires étaient coiffés
avec des chapeaux de forme chinoise, faits avec des feuilles de
vaquois, et tous portaient des ornements divers, fabriqués le
plus ordinairement avec des tests de coquilles. A mesure que
nous nous avançâmes à l’Ouest, il nous sembla que la teinte
foncée de la peau diminuait d’intensité, et qu’elle affectait une
couleur jaune plus pure : ce qui pourrait tenir à ce que les uns
sont sans cesse occupés sur les récifs des lagons à la pêche, qui
les fait vivre , et que les autres habitent des iles basses sur les-
([uelles s’élèvent des forêts nourricières de cocotiers, qui les
ombragent. Nous continuâmes à longer l’ensemble des îles que
peuple le rameau mongol-pélagien, ou les Carolins; et nous
pûmes ainsi compléter nos idées sur les points de contact de
tous ces insulaires, et puiser des documents dans nos communications
journalières avec les naturels de Pénèlap, de Taka,
d’Aouera, de Doublon ou Hogoulous, deTamatam, et de Sa-
taoëlle. Voici le résultat de ce que nous avons vu et ce que
rayiportent, à ce sujet, les voyageurs et les premiers Européens
qui s’établirent aux Mariannes.
Nous ne pourrions reconnaître les anciens habitants des îles
Mariannes dans ceux d’aujourd’hui, dont le sang est mêlé au
sang espagnol. A plus forte raison, il nous serait fort difficile
d établir I analogie (jui peut exister entre eux et les Carolins,
maintenant que des principes divers dus aux Européens, et une
nouvelle l’e ligion, ont changé leur physionomie originelle. Nous
sommes donc forcés de recourir aux auteurs qui les premiers
les ont décrits, lorsque leurs îles furent découvertes. Mais, il faut
1 avouer, les lumières que nous en tirons sont un peu vagues;
et les religieux qui traçaient l’histoire de ces peuples jiréféraient
s étendre sur le nombre de leurs néophytes que sur leurs usages
et leur physionomie. Cependant, le Père Le Gobien dit, p. 46,
en parlant des Mariannais ; « Ces insulaires sont basanés, mais
■<leui' teint est dun brun plus clair que celui des habitants des
« Philippines. Ils sont plus forts et plus robustes que les Euro-
« péens. Leur taille est haute, et leur corps est bien jiropor-
«tionné. Quoiqu’ils se nourrissent de fruits et de poissons, ils
«ont tant d embonpoint, qu’ils en jiaraissent enflés ; ce qui ne
« les emyiêche pas d’être sou|des et agiles. Ils vont nus. Les
«hommes se rasent la chevelure, et ne conservent, sur le haut
«de la tête, quune mèche, a la manière des Japonais. Leur
«langue a les plus grands rapports avec la tagale des Philip-
« puies. Ils ont des histoires et une poésie, qu’ils aiment beau-
« coiq). Il y a trois états |iarmi ce peuple -. la noblesse, le peuple,
«et une condition médiocre. La nolilesse est d’une fierté in-
« croyable; elle tient le peuple dans un abaissement extrême.
«Les Chamorris, c est ainsi qu’on les nomme, ne veulent pas
« souffrir de mésallianee d’un membre de leur ordre avec quel-
« qu un d une autre classe. Les canots dont ils se servent pour
« pêcher et pour aller d’une île à fautre, sont d’une légèreté
Forage du la Coquille. —Z. Tome /. f o