ces peiiijles ont fabriqvié diverses armes, et n’ont jamais manqué
de les embellir par des reliefs sculptés avec soin. Mais on remarque
que l’arc et la flèche n’étaient usités que chez très-peu
d’O céaniens'. Les armes principales, et presque partout iden-
ti([ues dans les diverses iles, sont les longues javelines en bois dur,
les casse-tête sous diverses formes, les haches eu basalte ou en
ser|)eiitiae, et les frondes. Les instruments d’utilité domestitpiC
sont également analogues, et consistent partout en petits tabourets,
en vases de bois sculptés, en molettes de basalte ])oin-
broyer le kava, en nattes tressées en ¡laille, etc., etc.
Nous ne pouvons, cejjcndant, nous dispenser de rappeler un
objet fort remarquable, qu’on ne voit que chez les Sandwichiens.
Il s’agit ici des casques, surmontés d’un cimier, ingénieusement
fabriqués en paille, et dont la forme est exactement cal-
(piée sur les casques grecs ou romains. D’où ces insulaires ont-ils
eu la connaissance de ce genre d’ornement.^ L’ont-ils ajtporté
de l’fnde, après qn’Alexandre leur eut montré cette coiffure
guerrière? Il serait difficile de répondre à cette (|uestiou; mais
il est de fait que les autres Océaniens en ignorent l’usage.
Si nous fouillons dans les débris des arts qui subsistent encore
chez les divers peuples répandus dans la mer du Sud, nous y
distinguerons sans doute quelques disparates; mais nous y retrouverons
aussi bien des points d’analogie. En effet, si on examine
attentivement leurs habitudes, leurs lois, leurs moeurs,
leurs arts, leur musif[ue, leur grammaire, leui‘ poésie, et meme
jusf[u’à l’ensemble de leurs idées religieuses, on sera frayipé de
‘ Chez les Taïtiens, par exemple, qui se servaient de flèches et de lances, de casse-
tête, et de frondes en corde de coco pour lancer les pierres. Aux Marquises, une
tête d’homme est sculptée sur le casse-tête. Il en est de même à la Nouvelle-Zélande.
Seulement, il paraît que les habitants des îles des Amis avaient reçu l’usage des flèches
des îles F id jis, qui elles-mêmes l’avaient emprunté aux peuples noirs qui y émigrèrent.
Voy. Labillardière, t. I I , p. io8.
l’analogie qui existe entre ces familles d’un même rameau, isolées
sur des terres semées à de si grandes distances les uues des
autres. L’identité des divers peuj)les de fOcéanie entre eux, si
on en excepte les habitants des terres du yirolongement d’Asie
et de la bande des îles Carolines et Mulgraves , sera reconnue
jusqu’à l’évidence; nous l’espérons du moins : mais il n’en sera
|)cut-être pas tout-à-fait de même pour leur descendance directi;
du continent de l’Inde. Ici, trop de ténèbres couvrent les usages
primitifs de ces ]>euples dans les temps reculés, pour trouver
des rapports exacts avec les usages des peuplades actuelles, (pii
sont restées stationnaires dans leurs idées, bornées dans leurs
ressources, et dont l’industrie u’a [joint été au-delà de ([uehjues
besoins et de (yueh[ues circonstances usuelles de la vie. Toutefois,
de nouveaux points de contact se présentent encore; et,
soit à la Nouvelle-Zélande, soit aux T on g a , des vestiges remar-
([uables et caractéristiques d’idées hindoues, qu’on ue peut récuser,
semblent jeter quehjue jour sur cette question obscure.
Tous les Océaniens reconnaissent l ’autorité de chefs dont
les distinctions honorifiques et la puissance se ressemblent dans
beaucoup dîle s , ou sont plus restreintes dans cjuehyues autres.
J-hérédité du jjouvoir, dans quehpies familles privilégiées, qui
est encore observée religieusement ]>as les classes inférieures,
dénote, cependant, bien une source indienne, ou, du moins,
prouve que ces [jeuples, en s’isolant de la souche connmuie,
emportèrent et conservèrent avec eux les idées dominantes de
leur patrie; ([u’habitués à vénérer la caste des brames, leurs
pi ètres ou arikis ' héritèrent de la considération dont ont toujours
joui, chez ces ]jou[)les, les ministres de la divinité; qu’enfin
, ils resjiectèreiit [jlusicurs des traditions, en modifièrent
(pielques autres, mais, daus toutes, et quoiqu’elles nous soient
‘ Soit qu’oti les nomme e r ii. Marquises; a r ik i. Taïti, N o uv elle -Zé lan de, Ro-
tourna; eg-i', îles Tonga.
8.