Chez eux, la navigation se perfectionna, les richesses s’accumulèrent,
et des envahissements successifs vinrent chasser les habitants
de la plupart des îles orientales ; car telle est la manière
dont les Malais s’emparèrent du littoral de la plupart de ces
terres, en reléguant dans l’intérieur les anciens propriétaires,
ou en les exterminant. Cet état de choses est démontré d’une
manière évidente par ce qu’on sait de l’élévation de plusieurs
étals malais de Bornéo, de Célèbes et de Timor; et les historiens
des îles de WEst sont remplis de documents qui prouvent la
(;ontinuelle fusion des Malais sur les îles de la Polynésie. Mais, sur
toutes celles dont les Européens n'ont pas fait la conquête , les
montagnes de l’intérieur sont peuplées par des tribus, tantôt
noires, tantôt jaunâtres, qui, confondues sous les noms d’A l-
fours, Alforèzes, Alfourous, ont été l'objet des opinions les
plus contradictoires et les plus absurdes. C’est ainsi que, dans
les Moluques, les Hollandais qui y sont établis n’en ont jioint
une idée distincte, et qu’ils en font la pcinturela plus hideuse, en
nommant sans distinction Papouas les habitants de l’E s t, Bat-
tas ceux de l’Ouest, et Iclaans -ceux de Bornéo, quoiqu’ils ap-
|)artiennent, d’ailleurs, évidemment à des races différentes. Or,
ces peuples, ainsi refoulés, sans cesse expulsés par des hommes
qui tenaient de l’Inde la coutume de faire des esclaves et de
les vendre , sont restés stationnaires dans leurs idées. Ils ont fui
les nouveau venus, qui, les chassant de leur territoire, les opprimaient;
et, séparés d’eux jiar des remparts naturels et puissants,
leur existence est restée inconnue des Européens : ou, ce
qu’on en sait est si imparfait, tant de fables obscurcissent les
rajjports qu’on a obtenus de quelques Malais qui trafiquent
avec eux, qu’on ne peut faire aucun rapprochement positif, soit
d’après leurs habitudes ou leurs moeurs, soit d’après leur organisation.
Iæ rameau malais, depuis long-temps mélangé au sang a rabe,
a toujours conservé un type caractéristique, (juoiqu’il présente
([iiciques variétés assez distinctes. Une des plus rcmartpiables est
sans contredit celle des Javans. Assemblés naguère en corps de
nation , les habitants de Java formèrent des états ¡iO|tuleux, et
conservèrent, pendant long-temps, les traditions de l’Inde ; ce (pi i
nous est prouvé par les ruines d’un grand nombre de monuments
imjjosaiits, qui subsistent encore sur cette grande et belle
ile; par le faste des cours des sultans et des sousounangs; par les
objets de leur culte et leurs divers emblèmes. Toutes les îles
cnviroimantcs, d’ailleurs, avant l’arrivée des Portugais dans
l’Inde, qui date de 1497 , malgré les habitudes locales, avaient
les mêmes formes de gouvernement, suivaient les mêmes coutumes
, se servaient des mêmes titres ; tels étaient surtout lesétats
de Célèbes, de Tidor, de Teriiate, de Soulou, de Bornéo de
Sumatra, etc. Java seule paraissait eu entier soumise à la même
race humaine ; aussi doit-on, à bien dire, la considérer comme
colonisée par l’Inde bien avant les autres terres. Miais il n’cn
est pas de même des îles que nous venons de nommer; et
voilà ce qui explique comment le rameau malais sc trouve
réduit à n’y occuper que le littoral, tandis que l’intérieur est
peuplé par les plus anciens p rop rié ta ire sa ve c lestjuels ils
ne .se sont presque jamais mêlés. Cette explication de la manière
dont les Malais se sont enqiarcs du sol qui leur paraissait
avantageux est tellement satisfaisante, qu’on ne voit jamais,
en effet, (ju’ils aient assis leurs Campongsou villes ailleurs
ipic sur les bords des grandes baies, ou sur les rives des fleuves
' Les Malais de B a n je r -M a s s in , royaume de Bornéo, suivant sir Baffles, possédaient
des attributs indiens, tels que les figures ô llshw a ra , des empreintes de la
vaclic et de Téléphant, qui attestent leur ligne primordiale. Ils font descendre leurs
ancêtres de Johoj- même, sur la presqu’île de M a la c c a , suivant le docte Leyden
( Iran s . ba t., t. V IT ) , qui ajoute que le/avaiia is pur a les plus grands rapports
avec le sanskrit.