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hors des iiiurailles. Les deux premiers sont fondés depuis peu : 1 un est. destiné aux
marins du commerce; l’autre, qui porte le nom de Sommerset, est un hôpital civil.
Le porc n'offre rien d’intéressant; le débarcadère est très-commode pour les communications,
qui sans cela seraient très-difficiles, parce qu’il y a près du rivage une foule
de rochers. Lorsque les vents soufflent avec violence, il est encore souvent impossible
de communiquer.
Lâ grande place en dehors des murs, où se tient le marché des divers produits
apportés par les hahitants des campagnes, est couverte au point du jour d’un grand
nombre de voitures, qui ne peuvent entrer en ville qu’en payant un droit d’octroi. Cc
marché est tenu avec beaucoup d’ordre ; tout ce qui y vient est enregistré au bureau du
percepteur, avec le nom du vendeur et celui de l’acheteur. Une taxe qui ne paraît pas
justement appliquée est celle qui porte sur les vins. Elle n’est point, comme pour les
autres denrées, déterminée sur le prix de la vente; elle est fixe, et, que le vin soit cher
ou bon marclié, le droit est le même.
Il y a aussi au Cap une petite salle de spectacle, où jouent quatre sociétés, dont deux
anglaises et deux hollandaises.
Quoique les affaires soient en stagnation, la population n’en augmente pas moins,
et maintenant on compte dans la ville 18,686 habitants.
On trouve au Cap quelques personnes qui s’occupent d’histoire naturelle. M. Villet
possède un riche cabinet qu’il vient de renouveler dernièrement, ayant vendu en une
seule fois sa première collection. A sa maison de campagne, située vis-à-vis la plaine
où se donnent les courses des chevaux, il a une ménagerie dans laquelle se trouvent,
en ce moment-ci, deux superbes lions, mâle et femelle, qui lui ont déjà donné un
grand nombre de petits; sa lionne fait quelquefois trois portées dans une année, la portée
étant de quatre mois à peu près. Peu de jours avant mon départ, il avait fait 1 acquisition
d’un sanglier d’Ethiopie et d’un superbe zèbre.
Possesseur d’un vaste terrain, M. Villet en a consacré une partie à faire un jardin
botanique, où il cultive plusieurs plantes intéressantes. Il s'est procuré des ceps de vigne
de Constance, sur lesquels il s’occupe de faire des essais.
Un autre amateur dont on ne saurait trop admirer le zèle, M. Ludwig, fait annuellement,
à ses frais, des envois d’objets d’histoire naturelle pour le muséum du roi de
Wurtemberg; c’est un tribut de reconnaissance qu’il paie à sa patrie.
Les courses de chevaux, qui ont lieu dans la plaine désignée plus haut, attirent un
grand concours de monde et une brillante société. Ce qui nuit à leur agrément, cest
que la course s’étendant fort loin sur une ligne droite, on perd les chevaux de vue
avant qu’ils arrivent au but.
Une des promenades les plus récréatives est sans contredit celle que l’on fait en contournant
la montagne du Lion , la vue de la mer flattant toujours agréablement les yeux.
Plus on approche de la tête du Lion, plus les maisons de campagne y sont embellies
par la verdure des plantations. Son Exc. le Gouverneur a dans le voisinage, sur le bord
île la mer, une maison de plaisance nommée Camp's bay.
II me restait à visiter quelques-uns des environs de la ville. M. Rouvière, pour qui
m ill
je ne puis montrer trop de reconnaissance des agréments qu'il m'a procurés, m’en
fournit les moyens. Muni de tout ce qui était nécessaire pour l’histoire naturelle, nous
nous mîmes en route le i"" septembre, pour la Paarl, avec le dessein de revenir par la
ville de Steilenbosch.
Nous passâmes à Pampoen-Rraal ‘ et à l’étang de Z oostenberg’ , pour arriver à
la Paarl. Rien de bien intéressant dans ce trajet. L’immense plaine qu’arrose la rivière
Salée, que nous fûmes forcés de traverser, est aride et sablonneuse. Nous aperçûmes de
la neige sur les hauts sommets de la chaîne du Drakenstein. Plus on approche du village,
plus 1 aspect devient riant; de verts bosquets ornent les nombreuses haliitations qui
1 avoisinent. Devant toutes se voient des plantations de chênes et de sapins, qui réci'éent
agréablement la vue. La Paarl est située au pied de la montagne du même nom % dans
une plaine fertile, arrosée par la rivière de Bcrg (B erg river). On y cultive toutes les
espèces de fruits, et la vigne y occupe beaucoup de terrain.
Ce village est fort animé le dimanche par l’afflucnce du monde qui vient des habitations
voisines pour assister aux offices divins. Ayant appris qu’il y demeurait un docteur
français, ex-chirurgien de la marine royale, naufragé il y a une trentaine d’années sur
les côtes d’Afi ique, nous allâmes le voir. Généralement estimé des habitants, M. Tardieu
a été victime d’une décision arbitraire prise par S. E. le gouverneur lord Sommerset,
qui, sans jugement préalable, l’a interdit de ses fonctions '.
A une heure de la Paarl, près des montagnes Klein Drackenstein, est l’habitation de
M. de Villiers dans l'emplacement de Palmit Fleay. Il nous fallut, pour y parvenir, passer
les rivières Berg et Pouls ou Palmit. La première, assez large vers son embouchure qui
s’ouvre dans Sardine-Bay, reçoit dans son cours une infinité de petites rivières et de
ruisseaux qui sortent de la longue chaîne de montagnes dont cette vallée est environnée.
L’hippopotame, rapporté par l’infatigable naturaliste Delalande, lors de son voyage au
Cap, a été tué sur les bords de cette rivière, dans une chasse qu’il avait faite de concert
avec M. Rouvière et plusieurs habitants voisins de Bcrg. Palm it-B iv er prend naissance
dans les montagnes du Drackenstein , se divise en trois ou quatre branches qui se réunissent
en un seul tronc avant d’atteindre Berg. Ces rivières roulent leurs eaux sur des
galets et du sable. Le cours en est tellement rapide lorsqu’il est tombé beaucoup de
pluie, qu’il est dangereux de les passer. Dans l’été, quand la sécheresse est grande,
elles sont presqu’à sec.
I C’est le seul eucîrgit où j'aie reiicoutré des secrétaires, oiseaux qui détruisent, dit-ou, les serpents,
a II y a be.aucoup de can.irds sauvages sur cet étang, et dans ses environs uu grand nombre de coléoptères.
3 Ce nom vient de la comparaison que l'on a faite avec une perle, d'une pierre qui est au sommet de la montagne
4 11 y a deux an.s que le fils de M. Guebl.ard, ministre de la religion protestante, fit infliger â un de ses esclaves la
punitma des verges. Treize heures après, le nègre mourut. L'autorité fit procéder à l ’autopsic. et le docteur Robert
Sband, qu. en fut chargé, déclara que les coups avaient été ia cause de la mort. En conséquence le malheureux
M.Gucbbard, jeune homme intéressant, fut condamné au dernier supplice. La décision du docteur Robert Shand était
susceptible de quelques objections ; il ne paraissait pas évident pour tout le monde que les coups eussent seuls occasionné
la mort. M. Tardieu, qui avait été appelé pour voir le cadavre la veille de l’aulopsie légale, attesta co.nme il l’avait reconnu
selon son op.uion, que les contusions ne b.i avaient pas paru de nature à produire un effet aussi grave que celui qu’on leur
attribuait, et qu’il s’y était joint une maladie accidentelle. Telle fut la cause de la disgrace dn docteur Tardieu