Iiiiuiière dont la terre de Diémen a été peuplée, qu’en adoptant
l’idée que les Nègres à cheyelure laineuse s’y sont introduits
par le groupe des Hébrides et de la Nouvelle-Calédonie.
Ainsi donc, la portion centrale de la Nouvelle-Guinée est
habitée par des Nègres Alfourous, qui en sont les aborigènes, et
que les Papouas du havre de Doréry nomment Endaménes. Ces
peuplades sont toujours en guerre les unes avec les autres, et
n’ont point d’antres communications que celles qu’amène un
état perpétuel d’hostilités. Les Nègres, au contraire, qui sont
établis sur les côtes, se distinguent entre eux par la dénomination
EArfakis ou de montagnards, et de Papouas ou de riverains.
Ces derniers vivent, par tribus éparses et isolées, dans un état
continuel de défiance et d’inquiétude. Leurs villages, placés sur
l'eau et sur des pieux, sc composent d’un petit nombre de cabanes
, gouvernées par l’autorité de chefs âgés. Leur taille est
assez communément médiocre, quoiqu’on observe parmi eux
de fort beaux hommes. Leurs membres sont ordinairement proportionnés
avee régularité, et souvent leurs formes sont robustes
et athlétiques. La couleur de leur peau est d’un noir mêlé
d’un huitième de jaune ; ce rjui lui donne une teinte assez claire,
dont fintensité varie. Leur chevelure est noire, très-épaisse,
médiocrement laineuse ; ils ont l’habitude de la porter ébouriffée
d’une manière fort remarquable, ou de la laisser retomber
sur le cou en mèches longues ct très-flexueuses. Le visage est
assez régulier dans l’ensemble des traits, quoique le nez soit un
peu épaté, et que les narines soient élargies transversalement.
ï,e menton est jietit et bien fait; les pommettes sont assez saillantes,
le front est élevé, les sourcils sont épais et longs. La
barbe est rare ; mais quelques naturels la conservent au-dessus
de la lèvre supérieure et au-dessous du menton, à l’imitation
de plusieurs peuples africains. La physionomie des Papouas réfléchit
aisément les sensations (jui les animent et qui naissent
de la défiance, du soupçon et de toutes les passions les plus haineuses
: et l’on observe, chez presque tous les peuples de race
noirâtre,une prédominance marquée des facultés purement instinctives
' sur celles de l’intelligence. Les femmes, qui partout
I emportent sur l’homme par la délicatesse de forganisation,
sont communément laides. Cependant, nous vîmes à la Nouvelle
Guinée quelques filles nubiles très-bien faites, et dont les
traits réguliers et doux étaient remarquables. Façonné ]>our la
servitude et l’obéissance, ce sexe chez les Papot.ias, comme chez
certains Nègres d’Afrique, doit vaquer aux travaux les ])liis
rudes que dédaigne de jjartager un maître inflexible et despote.
Ainsi, les Papouas se sont projjagés sur les iles de Bouka, de
Bougainville, de la Nouvelle-Bretagne et de la Nouvelle-Irlande.
Si fou en juge par les descriptions des voyageurs les plus exacts,
ils se seraient également établis sur les îles de Santa-Crux et des
Arsacides, des Hébrides “ et de la Nouvelle-Calédonie ; ils auraient
envoyé des colonies sur les îles des Navigateurs et des
Fidjis’, et y auraient donné naissance à la variété hybride ou
négro-océanienne qu’on y connaît.
' Plus les hommes sont loin de l’état de civilisation, plus leur intelligence instinctive
est développée : les sens sont plus parfaits que chez l’Européen. Aussi le Papoua
a-t-il la vue perçante, et l’ouïe très-fine. Mais comme son unique occupation est de
satisfaire son appétit vorace, que cette fonction absorbe toutes les autres facultés,
ou qu’elles ne sont développées que dans ce seul b u t, il a reçu des muscles masseter
et temporaux d’une grande force. C ’est ainsi que nous remarquâmes, sur plusieurs
crânes, des crêtes nombreuses hérissant toute la partie antérieure de la fosse temporale
pour donner aux fibres du crotaphyte des points d’attache plus puissants.
“ Consultez les excellents détails fournis par Forster sur les naturels de l’île de
Mallicolo, qui semblent constituer une variété. ( 2® Voy. de Cook, t. I I I , p. 5g , et
t. V , p. 220.)
^ Suivant M. Mai-iner ( t . I , pag. 3 4 6 ) , les habitants des Fidjis ont les cheveux
l'répus et de la nature de la laine. Ils les poudrent avec des cendres, et les frisent
avec le plus grand soin, de manière qu’ils ressemblent à une immense perruque. Ils
portent des bracelets d’écorce et coquilles autour des bras, et sont presque nus.
Voyage de la Coquille. — Z, Tom. 1. \ 2